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Grand répertoire

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
10/01/2007 -  et 29 (Baden-Baden), 30 (Basel) septembre 2007, 6 et 7 (Wien), 13 (Torino) octobre 2007
Ludwig van Beethoven : Ouverture « Coriolan », opus 62
Alban Berg : Trois Pièces pour orchestre
Johannes Brahms : Symphonie n°1, opus 68

Wiener Philharmoniker, Daniele Gatti (direction)



Au sein d’une saison riche et variée, faisant la part belle aux orchestres belges, aux solistes prestigieux, aux formations de chambres, aux ensembles « baroques » ou encore aux jeunes talents, la venue au Bozar des grandes phalanges symphoniques reste un événement très attendu. Rien de moins que le Cleveland Orchestra, le London Symphony Orchestra (à trois reprises), le Koninklijk Concertgebouw (deux fois), le Deutsche Symphonie-Orchester Berlin, le Budapest Festival Orchestra et la Staatskapelle de Dresde défileront dans la Salle Henry Le Bœuf les mois qui viennent pour le plus grand bonheur du public bruxellois.


Légendaires à plus d’un titre, notamment grâce au Concert du Nouvel An, célèbres pour leur système d’autogestion, en vigueur depuis un siècle, ainsi que pour leur excellence mais aussi leur conservatisme – les membres, majoritairement masculins, ne sont recrutés que parmi l’Orchestre de l’Opéra d’Etat de Vienne, garant d’une certaine tradition –, les Wiener Philharmoniker présentent la particularité de ne plus avoir de chef permanent depuis Clemens Krauss. Ainsi la formation se produit-elle avec nombre de chefs invités, certains très jeunes comme Daniel Harding ou le surdoué Gustavo Dudamel qui a eu la chance de la diriger le mois dernier à Lucerne (ici). Successeur de Kurt Masur au poste de directeur musical de l’Orchestre National de France à compter de septembre 2008, Daniele Gatti assure en septembre et octobre une tournée faisant étape, outre Bruxelles, à Baden-Baden, Bâle et Turin, sans compter une prestation au Vatican (dans la Missa da Requiem de Verdi).


Dans trois compositeurs emblématiques de la Vienne musicale, le chef milanais dispense, grâce à un outil d’une souplesse et d’une discipline souveraines, un de ces grands moments d’orchestre comme il en existe peu dans une saison. Si les musiciens n’ont pas failli à leur réputation, Daniele Gatti s’est montré digne de l’honneur qui lui a été octroyé de les diriger.


Son expérience de la fosse trouve dans l’Ouverture de « Coriolan » (1807) de Beethoven une démonstration éclatante tant le ton, combatif, voire vindicatif, annonce le drame qui se prépare. Plus admirable encore : les lignes de force, tendues telle la corde d’un arc, contribuent à l’efficacité de cette page. A propos de cordes, celles, scintillantes, des Wiener Philharmoniker frappent par leur parfaite homogénéité. Comment ne pas être scotché ensuite à son fauteuil à l’écoute des Trois Pièces (1913-1917) de Berg, rendues avec un luxe de détails inouï, au point que mêmes les passages les plus murmurés sont perçus avec une acuité exceptionnelle ? Spectaculaire, âpre, violente (Marsch !) mais également terriblement séduisante, l’interprétation de Gatti témoigne en outre d’une progression des idées d’une évidence confondante. C’est ainsi qu’Alban Berg doit être joué.


Après la pause de ce concert sponsorisé par une société produisant – surréalisme à la belge oblige – des appareils auditifs, la Première Symphonie (1874-1876) de Brahms révèle la si typique couleur viennoise des cordes, en particulier dans l’Andante sostenuto. La précision chirurgicale des Wiener nous vaut, une fois de plus, une prestation tirée au cordeau, riche de solos délectables : bois au-dessus de tout soupçon, cuivres majestueux et impeccables de justesse, percussion d’une totale maîtrise. Davantage contestable dans ses intentions, l’interprétation de Gatti peut laisser sur le bord du chemin les tenants d’une approche au pastoralisme et aux jeux de clair-obscur plus affirmés. Mais telle quelle, cette Première Symphonie aux arêtes tranchantes marque les esprits par sa tension et son drame sous-jacent, ce qui nous vaut un saisissant final à la joie teintée d’amertume.


En bis, une Danse hongroise de Brahms élégante, quoiqu’un brin tape-à-l’œil, et une viennoiserie – conclue sur une touche d’humour subtile –, histoire de montrer, si besoin en était, à quel point les Wiener sont insurpassables dans ce répertoire. Ovation colossale.


Le site des Wiener Philharmoniker





Sébastien Foucart

 

 

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