Back
Un avant-goût d’Amadis Versailles Manège de la Grande Ecurie 09/21/2007 - Jean-Baptiste Lully : Amadis, LWV 63 (extraits) Véronique Gens (soprano)
Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, Musica Florea, Olivier Schneebeli (direction)
Le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV) fête cette année ses vingt ans d’existence: que de concerts mémorables pendant ces deux décennies, que de découvertes musicales, musicologiques et artistiques! Pour fêter dignement cet anniversaire, le festival sera particulièrement riche, avec la participation des fidèles de la première heure comme William Christie, Hugo Reyne, en passant par Christophe Rousset ou bien par Véronique Gens.
La soprano a fait les beaux soirs des concerts baroques des années 1990 avant d’aborder le répertoire mozartien mais elle prouve, avec ce nouveau concert, qu’elle n’a rien perdu de son élégance musicale et de sa superbe théâtrale. Véronique Gens chante de larges extraits d’Amadis de Lully en campant plusieurs personnages: elle incarne tout d’abord la cruelle Arcabonne qui, dans un air d’indignation, se refuse à l’amour et à toute forme de bonheur. La chanteuse traduit ce sentiment avec des notes appuyées, des alternances de piano et de forte. Une certaine gradation dans la colère du personnage se fait également sentir au cours de cet air assez bref. Véronique Gens n’a pas besoin d’une scène de théâtre pour créer un personnage, une situation. En quelques notes elle parvient à insuffler vie et corps à l’héroïne. L’air du troisième acte est particulièrement prenant “Toi qui dans ce tombeau”: la soprano utilise ses graves si somptueux et n’hésite pas à enlaidir certaines notes comme sur “répandre” pour donner à sa voix et à son phrasé une portée plus dramatique et ainsi davantage souligner le caractère inhumain du protagoniste qu’elle incarne. Elle prend ensuite les traits de la douce Oriane avec une voix plus fraîche, mais rongée par la douleur et la tristesse. Son chant devient plus émouvant quand elle s’attendrit sur son sort et sur celui d’Amadis mort: les fins de phrase sont plus longues, le côté sombre et voluptueux de sa voix évoque les ténèbres, le tempo est plus lent.....
Olivier Schneebeli est à la tête de l’ensemble Musica Florea. L’Ouverture montre les limites de sa direction: les instruments ne sont pas ensemble, les départs ne sont pas précis, tout est décousu..... Il est plus attentif, en revanche, quand il accompagne Véronique Gens et les décalages sont moins sensibles. Toutefois il ne manque pas d’énergie dans les pages qui demandent de l’entrain comme le combat de la barrière. Le chœur des Chantres du CMBV est d’une très bonne qualité: l’ensemble est homogène et harmonieux. Deux choristes ont une partie soliste: la basse-taille David Witczak chante le rôle de Florestan avec un certain aplomb mais la voix est assez petite. Le haute-contre Benoit Porcherot a un instrument plus puissant mais le timbre est plutôt laid.
Ce concert est une bonne introduction à Amadis de Lully et donne très envie d’en écouter davantage... Véronique Gens est l’ambassadrice idéale de cette musique. On ne pourra donc que regretter que cet avant-goût ne dure que quarante petites minutes...
A noter:
- Véronique Gens sera de nouveau à Versailles le 14 octobre pour un récital consacré à Rameau, sous la direction de Christophe Rousset.
- Elle reviendra ensuite à Paris le 10 avril 2008 (Salle Gaveau) pour un concert complètement différent puisqu’en compagnie du ténor Jean-Paul Fouchécourt, elle chantera des mélodies de Gounod, Hahn et des airs d’Offenbach.
Le site du Centre de musique baroque de Versailles
Manon Ardouin
|