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Rafal Blechacz ou comment interpréter Chopin

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
09/12/2007 -  
Frédéric Chopin : Barcarolle, opus 60 – Nocturnes, opus 62 – Mazurkas, opus 50 – Polonaise n° 6, opus 53 – 24 Préludes, opus 28
Rafal Blechacz (piano)



Un récital entièrement consacré à Chopin par un pianiste polonais ne présente peut-être pas énormément d’originalité. Le fait qu’il soit proposé par le seul vainqueur du Concours Chopin de Varsovie originaire de ce pays, depuis Krystian Zimerman (en 1975), suscitait toutefois de la curiosité, et ce d’autant plus que Deutsche Grammophon, qui n’a pas son pareil pour flairer les bons coups commerciaux, a signé avec lui un contrat d’exclusivité l’année dernière (un récital dédié à… Chopin arrive dans les bacs en octobre).


La musique est-elle donc vraiment au rendez-vous avec Rafal Blechacz, né en 1985, Premier Prix, à l’unanimité, du Chopin de Varsovie à 20 ans ? La réponse est oui, et de très loin, au point que c’est véritablement d’une leçon d’interprétation qu’il s’agissait lors de son récital bruxellois. Dans un programme aux climats contrastés, nécessitant un sens poussé de la caractérisation, Rafal Blechacz se situe aux antipodes d’une lecture à la première personne du singulier de pianiste chinois narcissique.


Dès la Barcarolle, l’ampleur de son cantabile et la finesse de son legato séduisent d’amblée, de même que le soucis de la nuance et du beau son. Importance accordée au silence (Nocturnes), richesse des coloris, sens du rythme (Mazurka), fougue sans dérapage (Sixième Polonaise), noblesse et beauté du phrasé, rien ne manque dans son jeu d’un raffinement constant, toujours de bon goût et s’interdisant tout excès. De plus, le pianiste polonais ne joue pas uniquement pour lui, tant il communique son Chopin, et ce malgré sa concentration. Dans les 24 Préludes offerts en seconde partie, Rafal Blechacz, tout autant inspiré, synthétise toutes ces qualités. Les bis – encore du Chopin, bien sûr – prolongent le bonheur d'un public qui, venu nombreux, applaudit chaleureusement, certains spectateurs n’hésitant pas – mais l’habitude devient peut-être trop fréquente –, à lui accorder une standing ovation.


Après avoir invité ce jeune pianiste, et Boris Berezovsky la semaine dernière, dans le cadre du Klara Festival, Bozar continue sa prestigieuse série de récitals de piano avec Alfred Brendel (octobre), Grigory Sokolov (novembre), Maurizio Pollini (mars), Leif Ove Andsnes (avril) et Krystian Zimerman (juin), sans oublier, au Conservatoire Royal cette fois-ci, Piotr Anderszewski, Anna Vinnitskaya (Premier Prix du Concours Reine Elisabeth de cette année), Nicholas Angelich, Paul Lewis et Alexei Volodin.


Le site de Rafal Blechacz





Sébastien Foucart

 

 

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