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Dernière ligne droite à Auteuil

Paris
Jardin des serres d’Auteuil (Pavillon des azalées)
09/09/2007 -  
Johannes Brahms : Sonate pour violoncelle et piano n° 1, opus 38
Witold Lutoslawski : Grave pour violoncelle et piano
César Franck : Sonate pour violon et piano

Henri Demarquette (violoncelle), Andreï Korobeinikov (piano)


Annonçant le début de l’été mais aussi son déclin, «Les Solistes aux Serres d’Auteuil» se déroulent chaque année en deux temps: la première série, du 21 au 29 juin, avait été inaugurée par François-Frédéric Guy (voir ici); pour la clôture de la seconde série, qui s’est tenue du 24 août au 9 septembre, le pianiste français était présent, mais cette fois-ci comme auditeur, venu écouter Henri Demarquette et Andreï Korobeinikov. En fin d’une belle après-midi qui incitait à la promenade dans ces espaces de calme et de verdure, les artistes et le festival ont rencontré un succès réconfortant, puisqu’il a fallu ajouter des chaises aux bancs du Pavillon des azalées et que quelques spectateurs ont même dû assister debout à l’ensemble du récital.


Si son partenaire, un Russe de vingt et un ans, n’est pas encore connu en France, on ne présente en revanche plus Henri Demarquette, même si l’on a le sentiment qu’au regard de ses collègues de la même génération, il mériterait la reconnaissance d’un plus large public. Car dès la Première sonate (1865) de Brahms, ce n’est pas une prestation précautionneuse et standardisée qu’il nous invite à partager mais des moments de musique que seules l’unicité et l’immédiateté du concert peuvent offrir. Sa sonorité est belle et puissante, mais il ne s’en sert pas pour céder aux facilités d’un vibrato larmoyant, de phrasés sirupeux ou de coups d’archet systématiquement rageurs. Son interprétation n’en est pas moins engagée, parfois même d’une violence presque exagérée (transition vers la réexposition de l’Allegro non troppo initial), mais parvient à restituer aussi bien le caractère versatile de l’Allegretto quasi minuetto que l’irrésistible élan de l’Allegro final.


Anne-Marie Réby maintient fermement le cap: pas de concert des «Solistes aux Serres d’Auteuil» sans musique contemporaine. Ce n’est en rien une contrainte pour Demarquette, qui s’est notamment illustré dans des œuvres d’Eric Tanguy (voir ici), d’Olivier Greif (voir ici) ou de Pascal Zavaro (voir ici). Bien plus rythmé et varié que ne le laisse supposer son titre, Grave (1981) de Lutoslawski est dédié à la mémoire du critique Stefan Jarocinski, dont l’intérêt pour la musique française est évoqué au travers d’une citation explicite des premières notes de Pelléas et Mélisande, au début et à la fin de la pièce, par le violoncelle solo.


Demarquette conclut par l’adaptation de la Sonate pour violon (1886) de Franck: rhapsodique et riche en contrastes, donnée d’une seule traite, sans interruption entre les mouvements, son approche très libre, comme improvisée, n’est pas dépourvue et de risques – les aigus dérapent ici ou là – mais c’est précisément cette vie et ce refus de la routine qui en font tout le prix. A ses côtés, avec la générosité de sa jeunesse, Andreï Korobeinikov a toutefois tendance à confondre fougue et brusquerie, vitesse et précipitation.


Les bis demeurent dans le registre de l’arrangement, celui de deux pages pour piano de Debussy de l’année 1910: ludique et théâtral dans Minstrels (du Premier livre des Préludes), qui évoque inévitablement, dans cette formation instrumentale, l’humour et les couleurs du mouvement central de la Sonate pour violoncelle, il sait ensuite se faire fin et tendre dans La plus que lente.


Rendez-vous le 20 juin 2008 pour la prochaine édition des «Solistes aux Serres d’Auteuil».


Le site d’Andreï Korobeinikov



Simon Corley

 

 

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