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Guerre et paix

Bruxelles
Bozar, Salle Terarken
09/03/2007 -  
Darius Milhaud : Cantate de la guerre, opus 213 – Cantate de la paix, opus 166
Igor Stravinsky : Octuor pour instruments à vent
Hanns Eisler : Ballade vom Weib und dem Soldaten, opus 39
Paul Hindemith : Der Tod
Kurt Weill : Youkali – Zu Potsdam unter den Eichen – Vom Tod im Wald, opus 23 – Die Legende vom toten Soldaten – Und was bekam des Soldaten Weib ? – Das Berliner Requiem

Saartje Raman (alto), Ivan Goossens (ténor), Jakob Bloch Jespersen (baryton-basse), Lieve Colpaert (piano)
I Solisti del Vento, Vlaams Radio Koor, Paul Hillier (direction)



Festival pluridisciplinaire créé en 2004, le KlaraFestival van Vlaanderen prend ses quartiers à Bruxelles du 1er au 14 septembre en s’entourant de deux importants partenaires culturels de la ville : le Bozar et le Koninklijk Vlaamse Schouwburg. Une soixantaine de concerts de musique classique, du monde et de jazz sont, pour l’occasion, offerts au public. Outre la venue de musiciens renommés (Boris Berezovsky, World Orchestra for Peace dirigé par Valery Gergiev, Orchestre Philharmonique d’Israël dirigé par Zubin Mehta, Aka Moon, Fabrizio Cassol, …), l’originalité est également au rendez-vous avec, entre autres, la Cinquième Symphonie de Tchaïkovsky donnée par le Vlaams Radio Orkest dans… la très fréquentée gare de Bruxelles-Centrale en pleine heure de pointe ! Sans compter, au Bozar, la Last Night, brassant tous les genres. Klara, radio d’expression flamande consacrée à la musique classique, diffuse en outre ces manifestations.


Le mélomane curieux aura prêté une attention particulière au concert du Vlaams Radio Koor et des Solisti del Vento brossant, sous la direction de Paul Hillier, un panorama musical de l’Europe de l’entre-deux guerres. Milhaud, Stravinsky, Eisler, Hindemith, Weill, autant de compositeurs qui ont connu, dans leur jeunesse, la Première Guerre Mondiale et qui ont, du fait de leur judaïté ou de leur engagement politique, souffert de la montée du nazisme, qui a contraint la plupart d’entre eux à l’exil.


S’associer à des écrivains contemporains était fréquent pour les compositeurs de cette époque, comme en témoignent tout d’abord la Cantate de la guerre (1940) et la Cantate de la paix (1937) de Milhaud, écrites sur des textes de Claudel. Pour chœur a capella, ces deux œuvres – la première présentée en ouverture, la seconde avant la dernière pièce, Das Berliner Requiem –, permettent d’apprécier un Vlaams Radio Koor homogène, fin et expressif et faisant preuve, en outre, d’une très bonne prononciation française. On retrouve également les qualités de cet ensemble dans Die Legende vom toten Soldaten (1929), pour chœur mixte, de Kurt Weill (texte de Brecht) ainsi que dans deux brèves pages pour voix d’hommes : Zu Potsdam unter den Eichen (1929) de Weill, toujours sur un texte de Brecht, et Der Tod (1931) de Hindemith sur un texte de Klopstock.


Seule composition totalement instrumentale donnée lors de cette soirée, l’Octuor (1923) de Stravinsky est significatif de l’intérêt particulier portés par de nombreux compositeurs du début du siècle aux instruments à vent (l’essor du jazz n’y est d’ailleurs pas étranger). Dévoilant une technique et une mise en place au-dessus de tout soupçon, la prestation des Solisti del Vento s’avère enthousiasmante, acidulée à souhait, non dépourvue d’humour et d’un entrain irrésistible.


Dans Youkali (1934) et Und was bekam des Soldaten Weib ? (1942) de Weill, ainsi que dans la Ballade vom Weib und dem Soldaten (1932) de Hanns Eisler, Saartje Raman, bien soutenue au piano par Lieve Colpaert, maîtrise remarquablement le registre des émotions et déploie un timbre d’alto idéal, mettant ainsi en valeur les textes de Brecht et de Roger Fernay (Youkali). Quant à la prestation du baryton-basse Jakob Bloch Jespersen dans Vom Tod im Wald (1927) de Weill, elle fut exemplaire de justesse de style et d’engagement dramatique. Dirigés par Paul Hillier, les Solisti del Vento s’y montrent toujours aussi souples et agiles.


Brillante conclusion de cette soirée aussi originale que brillamment défendue, la lecture franche et directe du Berliner Requiem (1937) de Weill synthétise toutes les qualités déjà soulignées et permet de retrouver un Jakob Bloch Jespersen décidément inspiré et le ténor Ivan Goossens, qui n’est pas en reste. Les Solisti del Vento fusionnent admirablement leurs timbres avec ceux des chanteurs du Vlaams Radio Koor.


Comme on pouvait s’y attendre avec un tel programme, la petite salle Terarken était malheureusement loin d’être remplie…


Le site du KlaraFestival
Le site du Vlaams Radio Koor
Le site des Solisti del Vento
Le site de Paul Hillier





Sébastien Foucart

 

 

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