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Débuts prometteurs Bayreuth
Festpielhaus
08/09/2007 - 08/20/2007
Richard Wagner:L'Or du Rhin
Albert Dohmen (Wotan), Ralf Lukas (Donner), Clemens Bieber (Froh), Arnold Bezuyen (Loge), Kwangchul Youn (Fasolt), Hans-Peter König (Fafner), Andrew Shore (Alberich), Gerhard Siegel (Mime), Michelle Breedt (Fricka), Edith Haller (Freia), Mihoko Fujimura (Erda), Fionnuala McCarthy (Woglinde), Ulrike Helzel (Wellgunde), Marina Prudenskaja (Flosshilde)
Orchestre du Festival de Bayreuth, Christian Thielemann (direction)
Tankred Dorst (mise en scène)
Or du Rhin. Première journée de ce long voyage.
Cette Tétralogie commence précédée d’une réputation mitigée, marquée il y a quelques années par le coup d’avoir pu convaincre Lars Von Trier de se lancer dans une mise en scène d’opéra puis par la déception lorsque celui-ci renonçait devant la difficulté d’un tel projet. La direction du Festival a dû faire appel, pour le remplacer au dernier moment, à Tankred Dorst, vétéran de la scène théâtrale allemande. Comment peut-on être homme de scène, de culture germanique et résister à l’attrait de l’appel de Bayreuth ?
Largement décriée l’an passée, la conception de Dorst à l’issue de cet Or du Rhin n’est pas sans mérite. Dieux, géants et Nibelungen sont parmi nous les humains. Wotan et Loge descendront dans ce qui ressemble à des couloirs d’une usine qui par le jeu magistral des décors se transformera en grotte de Nibelheim. A la fin de l’opéra, des enfants surgissent pour se chamailler, nous montrant en relief que violences, trahisons et ruptures ne sont pas le privilège des Dieux. Les légendes sont bien vivantes parmi nous.
Dorst est moins heureux dans sa direction d’acteurs. Malgré un très beau jeu de lumières, la première scène est plate et assez statique. Plus grave encore, la scène suivante, où tant de choses se passent entre Dieux et géants, manque d’inspiration. Il faut attendre la disparition de Freia et les moqueries de Loge écrasant les dernières pommes devant des Dieux impotents pour que les personnages prennent une certaine épaisseur. Dorst a également de bonnes idées durant la malédiction d’Alberich où il montre un Wotan perdu dans la contemplation de l’anneau alors que seul Loge comprend à quel point cette scène est fondamentale.
Si Dorst a été critiqué, Christian Thielemann a reçu tous les suffrages de la critique. Le chef allemand connait bien l’acoustique de Bayreuth, sait faire sonner de façon si idiomatique son orchestre et sait trouver de longs phrasés très wagnériens. Mais les tempi sont nettement trop lents dans les premières scènes et il semble plus à l’aise dans les interludes orchestraux que pour accompagner les chanteurs, exception faite de la scène d’Erda, où il trouve des couleurs saisissantes.
Comme toujours à Bayreuth, ce sont les chanteurs qui sont à l’honneur. Il faut rappeler que la fosse est recouverte, ce qui leur permet de projeter leur voix directement sans concurrence exagérée de l’orchestre. Le plateau réuni ce soir est particulièrement heureux. Albert Dohmen trouve la dimension de Wotan et son timbre se contraste bien avec celui moins noir que par habitude de l’Alberich d’Andrew Shore. Michelle Breedt a l’autorité de Fricka, il y a tout à parier qu’Edith Haller qui chante superbement Freia ne va pas se limiter à ce rôle secondaire et Mihoko Fujimura est une Erda sans pareille. Arnold Bezuyen est dans la tradition des Loge chanteurs de lieder tirant le maximum de leurs textes. La surprise - mais nous sommes à Bayreuth - est que les géants de Kwangchul Youn et Hans-Peter König ainsi que le Mime de Clemens Bieber démontrent les mêmes qualités. Seules les Filles du Rhin déçoivent légèrement, mais peut-être est ce que Thielemann a trop étiré les tempi.
Un bel Or du Rhin, un départ très solide qui donne envie d’attendre demain.
Antoine Leboyer
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