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Cabinet de curiosités Montpellier
Le Corum, Opéra Berlioz
07/28/2007 -
Claude Debussy : A Emma, petite cantate sur grand papier pour le jour de Sa fête…
Serge Rachmaninov : Six Chœurs, opus 15
Hector Berlioz : La Nonne sanglante, Acte I (extraits)
Franck Ferrari (récitant [Debussy], baryton), Catherine Hunold (soprano), Frédéric Antoun (ténor), René Koering (cloches), Frédéric Rubay (piano)
Ensemble Vocal Héliade, Hélène Golgevit (direction), Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon, Alain Altinoglu (direction)
Pour la première partie de la soirée de clôture de l’édition 2007 du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, place aux curiosités, avec, notamment, la création de deux œuvres de compositeurs célèbres ! Une nouvelle preuve, si besoin en était, de la politique artistique du festival consistant à dénicher des raretés ou à ressusciter des ouvrages tombés dans l’oubli (comme, cet été, le Duc d’Albe de Donizetti).
Datée du 4 juin 1907, A Emma, petite cantate sur grand papier pour le jour de Sa fête… de Claude Debussy est une œuvre d’une brièveté webernienne – à peine 3 minutes de musique étalée sur deux pages –, dédiée à Emma Bardac, la seconde épouse du compositeur. Pleine d’humour, écrite pour une configuration particulière (récitant, voix de femmes, cloches et piano), disposition typique des cantates des prix de Rome, elle met en scène, outre un récitant, Claude-Emma, alias Chouchou, la fille du couple, qui termine ses interventions sur… un bâillement ! Bien qu’elle ne bouleverse pas notre connaissance de Debussy, cette curiosité, anecdotique et d’une qualité musicale en rien extraordinaire, méritait d’être créée.
Œuvre de jeunesse de Serge Rachmaninov, écrite en 1895-1896 à la suite de sa Première Symphonie, les Six Chœurs pour voix de femmes et piano font partie des compositions vocales du compositeur comprenant la Liturgie de Saint Chrysostome et les Vêpres, un aspect peu connu de son catalogue. Ecrit sur des textes de Nekrassov, Lodijenski, Romanov, Tsiganov et Lermontov, ce cycle d’un quart d’heure permet d’apprécier les qualités intrinsèques de l’Ensemble Vocal Héliade, dirigé par Hélène Golgovit, ainsi que la plénitude et la clarté de la partie de piano défendue par Frédéric Rubay.
L’histoire de la Nonne sanglante (vers 1841-1847), opéra inachevé d’Hector Berlioz, est assez touffue et significative du monde de l’opéra en France, au milieu du XIXe siècle, dans lequel les directeurs de théâtre, soucieux de respecter les lois opératiques en vigueur à l’époque, n’étaient pas en reste de vacheries et se montraient davantage intéressés par la collaboration d’un librettiste, garant de copieuses rentrées financières, plutôt que d’un compositeur. Des quatre actes initialement conçus sur un livret d’Eugène Scribe (1791-1861) et de Casimir Delavigne (1793-1843), situant l’action au Moyen âge, et fondé sur un roman fantastique de Matthew Lewis (1775-1818), Berlioz n’en aurait achevé que deux, avant d’abandonner le projet suite à des tensions avec Scribe (le livret a in fine été mis en musique par Gounod avec un succès mitigé). L’essentiel de ce qui subsiste, conservé à la Bibliothèque Nationale de France, est créé lors de cette soirée de clôture. Accompagnés par un Orchestre National de Montpellier soucieux de valoriser les passages les plus inspirés de ces fragments, Franck Ferrari, Catherine Hunold et Frédéric Antoun, ces derniers offrant un beau duo final, défendent avec conviction ce qu’il reste de cet opéra inachevé.
Le site de l’Ensemble Vocal Héliade
Sébastien Foucart
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