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Les arômes savoureux de l’OFJ baroque Dijon Duo Dijon (Salle Romanée Conti) 07/25/2007 - et 21 (Uzès), 23 (La Chabotterie) juillet 2007 Marin Marais : Suite d'Alcyone
Antonio Vivaldi : Ouverture d'Ottone in Villa
Johann Sebastian Bach : Concert brandebourgeois n°1
Carl Philipp Emmanuel Bach : Symphonie en fa majeur
Orchestre Français des Jeunes Baroque, Christophe Rousset (direction) Voilà un an que l’Orchestre Français des Jeunes – qui accueille également des musiciens venus d’autre pays - s’est mis à l’heure baroque sous la direction de Christophe Rousset. Heureuse initiative : non seulement le « baroque » est un marché porteur, avec une multiplication des ensembles jouant à l’ancienne, mais les orchestres symphoniques eux-mêmes, quand ils sont dirigés par certains chefs, n’interprètent plus ce répertoire comme ils le faisaient jadis – voire naguère. Pour la session 2007, quatre « coachs », comme on dit aujourd’hui, ont préparé cette petite trentaine de jeunes musiciens, dont la moyenne d’âge ne dépasse pas les trente ans, au jeu sur instruments d’époque : Lucy van Dael (violon), Atsushi Sakaï (violoncelle), Peter Frankenberg (hautbois) et Claude Maury (cor naturel). Les séances de travail ont eu lieu au Duo Dijon du 12 au 20 juillet, où l’ensemble est en résidence, autour d’un programme reflétant la diversité des écoles européennes. C’est là que l’orchestre s’est produit pour la troisième et dernière fois, dans une salle Romanée Conti à l’acoustique précise mais pas sèche, ce qui convient bien à ce répertoire.
La Suite d’Alcyone de Marin Marais témoigne d’abord d’une belle verdeur des timbres, d’une grande souplesse rythmique ; le chef aère les textures, tient ses musiciens, mais ne les retient pas, pour conserver à la musique ses grâces (Symphonie du sommeil), ses facéties ou sa force (la célèbre Tempête). Après une lumineuse ouverture d’Ottone in Villa de Vivaldi, le Premier Concert brandebourgeois de Bach, dangereux à cause de sa célébrité, évite à la fois la sécheresse métronomique et les effusions anachroniques : les musiciens se plient sans raideur aux tempos alertes du chef, qui, sans se départir d’une impeccable précision rythmique, veille au dosage des couleurs instrumentales, en particulier dans les Trios du Menuet, où l’on goûte notamment les saveurs épicées des vents. L’orchestre a acquis assez de maîtrise pour affronter la Symphonie en fa majeur de Carl Philipp Emmanuel Bach, toute en contrastes, en ruptures et en rebonds dignes du plus authentique Sturm und Drang : une œuvre idéale pour des musiciens visiblement habités par l’enthousiasme de la jeunesse, dont Christophe Rousset, sans rien brusquer ni rien lisser, restitue avec bonheur les effets de surprise.
Du beau travail, qu’il faut poursuivre. On espère notamment que le chef proposera au jeune ensemble d’autres Symphonies du trop méconnu Carl Philipp Emmanuel.
Le site de l'OFJ baroque
Didier van Moere
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