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Nikolaï Lugansky, le gendre idéal Montpellier Opéra Berlioz-Le Corum 07/18/2007 - Igor Stravinski : Apollon musagète
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto n°21 en ut majeur, KV 467
Hugo Wolf : Penthesilea
Nikolaï Lugansky (piano)
Orchestre de l'Opéra national de Lyon, Kazushi Ono (direction) Après Evgeny Kissin (voir ici), comme Nikolaï Lugansky est reposant ! Le Vingt et unième Concerto de Mozart est joué en gants blancs, avec une parfaite élégance, sans rien qui dépasse. Impeccable, irréprochable, imperturbable. C’est si impeccable et si irréprochable que cela sonne creux, surtout dans le si célèbre mouvement lent, totalement dépourvu d’émotion. Quoi qu’il joue, Nikolaï Lugansky garde son quant à soi. Un gentleman du piano, le gendre idéal du clavier. Le Prélude en sol dièse mineur de Rachmaninov, ne le fera pas davantage sortir de lui-même – ou entrer en lui-même. Bref, on a beau admirer tant de maîtrise, on s’ennuie ferme. On se demande même si, s’agissant de Mozart, on entend un Concerto ou une Symphonie concertante, tant le piano a parfois l’air d’accompagner l’orchestre. Il est vrai que Kazushi Ono dirige d’une baguette souple et vive une phalange lyonnaise très en verve. Cette dernière a d’abord, dans Apollon musagète, montré la qualité de ses cordes. Le chef japonais en a obtenu une très belle pâte, même s’il s’est un peu pris au piège des grâces néoclassiques du ballet de Stravinski, négligeant parfois la dimension rythmique, pourtant essentielle ici, au profit de l’hédonisme sonore. La Variation de Polymnie, par exemple, est un peu lissée, tandis qu’Apollon et Terpsichore, dans leur Pas de deux, pourraient chalouper moins nonchalamment. Dans Penthesilea, dirigeant l’orchestre au grand complet, le directeur musical de la Monnaie témoigne de la même exemplaire maîtrise, mais séduit davantage, dégageant bien les lignes d’une œuvre touffue et maladroite, due à une plume trop marquée par Liszt, ne cédant jamais à la tentation de la surenchère, presque sec parfois dans sa fermeté, là où il pourrait malgré tout s’abandonner davantage au lyrisme flamboyant de la luxuriante partition de Wolf. C'est lui, en tout cas, qui fait l'intérêt de cette soirée du festival de Radio France. Didier van Moere
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