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Le réjouissant triomphe de «Jeunes talents» Paris Hôtel de Soubise 07/25/2007 - Johann Sebastian Bach : Sonate pour flûte et clavier en mi majeur, BWV 1035
Carl Reinecke : Sonate pour flûte et piano «Undine», opus 167
Gabriel Fauré : Fantaisie pour flûte et piano, opus 79
Olivier Messiaen : Le Merle noir
Francis Poulenc : Sonate pour flûte et piano
Virginie Reibel (flûte), Sarah Lavaud (piano)
Une salle comble pour un récital de flûte, c’est bien. Mais un mercredi soir de juillet, même en l’absence de concurrence, cela devient un triomphe, dont on se réjouit pour le Festival Jeunes talents, porté par une association qui ne ménage pas ses efforts pour faire vivre la musique à Paris durant l’été tout en continuant de présenter au public les artistes de demain. Jeune et talentueuse, Virginie Reibel l’est certainement, mais elle s’est déjà fait un nom – et même un prénom, dans cette famille de musiciens (ainsi sa sœur Béatrice est-elle violoncelliste) – en tant que piccolo solo à l’Orchestre national des Pays de la Loire, puis à l’Orchestre de Paris et à la Philharmonie de Berlin. Elle était accompagnée pour l’occasion par Sarah Lavaud, qui était déjà aux côtés d’Amanda Favier quelques jours plus tôt (voir ici)
Mate, sérieuse et raide, avec quelques graves laborieux, la Sonate en mi majeur (BWV 1035) de Bach tient seulement lieu de mise en route, avant la Sonate «Ondine» (1882), l’une des rares œuvres de l’imposant catalogue (plus de deux cent cinquante opus) de Carl Reinecke (1824-1910) à s’être maintenue au répertoire. Fluides, comme il se doit pour évoquer ici l’élément liquide, impalpables même, les traits se succèdent impeccablement dans ces vingt minutes de romantisme postschumannien. La sonorité n’est peut-être pas exceptionnelle, ni même très puissante, mais d’une grande pureté, économe en vibrato, traduisant un souci de probité davantage que d’extériorisation.
Bref diptyque, la Fantaisie (1898) de Fauré ouvre la seconde partie du concert, mais le délicat legato laisse la place à un jeu à la fois plus coloré et plus nuancé dans Le Merle noir (1952) de Messiaen. Peut-on concevoir un récital de flûte sans la Sonate (1957) de Poulenc? Cela finirait par en devenir irritant, mais Virginie Reibel en donne une interprétation recherchée et raffinée, d’une retenue toute française, où l’éloquence l’emporte sur l’expression.
En bis, un arrangement de Kaddisch, la première des deux Mélodies hébraïques (1914) de Ravel, témoigne de la capacité d’adaptation de la flûtiste, qui démontre une rondeur, une plénitude et une longueur de souffle qu’il ne lui avait pas été donné de mettre en valeur jusque là.
Un site consacré à Carl Reinecke
Simon Corley
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