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Oranges scéennes Paris Orangerie du Domaine de Sceaux 07/14/2007 - Joseph Haydn: Quatuor n° 82, opus 77 n° 2
Alexandre Borodine: Quintette à cordes
Franz Schubert: Quintette à cordes, D. 956
Quatuor Kocian: Pavel Hula, Milos Cerny (violon), Zbynek Pad’ourek (alto), Vaclav Bernasek (violoncelle) – Michal Kanka (violoncelle)
Au mélomane parisien emprisonné durant l’été dans la capitale, la vie musicale apporte, comme il se doit, des oranges: le jour où le Festival Chopin se clôt à l’Orangerie de Bagatelle, c’est celle du Domaine de Sceaux, construite par Hardouin-Mansart (1686), qui prend le relais jusqu’au 16 septembre, pour la trente-huitième édition du festival fondé par Alfred Loewenguth. La programmation s’annonce toujours aussi remarquable, avec vingt concerts entre valeurs sûres (Philippe Bianconi, Frank Braley, Marie-Josèphe Jude, François Le Roux, Kun-Woo Paik, Tedi Papavrami, Bernard Soustrot, le Trio Guarneri, les Quatuors Takacs et Ysaÿe, …) et jeunes talents déjà confirmés (Betrand Chamayou, Marina Chiche, Jérôme Ducros, Wilhem Latchoumia, Jérôme Pernoo, le duo Leroy-Moubarak, le Quatuor Ardeo, …).
Confié au Quatuor Kocian, le copieux programme inaugural a remporté un beau succès public en cette chaude après-midi estivale. Dans l’ultime contribution de Haydn au genre, le Quatre-vingt-deuxième quatuor (1799), second de l’opus 77, le timbre des violons paraît trop acide, mais l’ampleur de l’acoustique confère une sonorité assez grasse à l’ensemble. Cela étant, le style y est, les Tchèques ne se départant pas d’un classicisme impeccable, nullement soporifique pour autant, à l’image d’un Menuetto robuste mais sans lourdeur.
Au sein de la musique de chambre de Borodine, le célèbre Second quatuor tient de l’arbre qui cache la forêt: non seulement les Kocian ont enregistré le Premier chez Praga, mais, associés à Michal Kanka, violoncelliste du Quatuor Prazak, ils ont complété leur disque avec un rare Quintette à cordes (1862). Davantage que la couleur nationale qui sera celle des œuvres ultérieures du compositeur, son aisance mélodique s’impose en revanche déjà. En outre, pratiquant le violoncelle, Borodine a privilégié son instrument, préférant la formation adoptée par Schubert à celle de Mozart (à deux altos) et mettant tout particulièrement en valeur les deux parties de violoncelle, notamment dans l’Andante ma non troppo, sorte de romance variée où chacun d’entre eux fait assaut de lyrisme et de virtuosité: la comparaison ne se révèle d’ailleurs pas à l’avantage du musicien des Kocian, à l’intonation irrégulière, d’autant que Kanka, quant à lui, est à son niveau d’excellence coutumier.
De même, dans le Quintette à cordes (1828) de Schubert, la fusion ne s’opère pas toujours parfaitement entre la générosité et l’exubérance de Kanka, d’un côté, et la manière peu romantique des Kocian. Privé de ses reprises (y compris celle de la seconde partie du Scherzo), ce Quintette plus chambriste que symphonique ne s’attarde pas dans des divines longueurs (moins de trois quarts d’heure). Dans cette interprétation plus objective que poétique, parfois même râpeuse et anguleuse, le soupçon d’affectation conféré au deuxième thème de l’Allegretto final n’en (d)étonne que davantage.
Le premier violon Pavel Hula salue, dans un excellent français, la Fête nationale, puis les musiciens reprennent en bis la section Presto du Scherzo.
Le site du Festival de l’Orangerie de Sceaux
Une page consacrée au Quatuor Kocian
Simon Corley
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