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Talents estivaux Paris
Hôtel de Soubise
07/10/2007 -
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate n° 6 «Dürnitz», K. 205b [284]
Richard Wagner : Chœur des fileuses du «Vaisseau fantôme» (adaptation Franz Liszt)
Luciano Berio : Six Encores
Frédéric Chopin : Sonate n° 2, opus 35
Serge Prokofiev : Sonate n° 8, opus 84
David Kadouch (piano)
A défaut de soleil, la raréfaction des concerts à Paris constitue hélas un indice sûr de ce que l’été est arrivé. Heureusement, quelques vaillants organisateurs tentent d’assurer un minimum de continuité dans la vie musicale de la capitale: par ailleurs très active au cours de la saison, l’association «Jeunes talents» propose ainsi du 10 au 28 juillet la septième édition de son festival, parrainée par Ivry Gitlis.
Le principe en reste le même: seize manifestations à 20 heures (le dimanche à 17 heures), présentant de jeunes musiciens, dont certains ont déjà entamé une carrière prometteuse (Guillaume Coppola, Amanda Favier, les sœurs Bizjak, le Quatuor Voce, …). Un festival qui se proclame «européen», car ces artistes ne sont pas tous originaires des conservatoires parisiens mais ont étudié (ou continuent de le faire) à Berlin, Bruxelles, Lyon, Madrid, Marseille ou Munich. En outre, comme de coutume, des «plus» sont offerts au public: accès gratuit à la répétition de 12 heures 30, «piano à palabres» à 19 heures (présentation du concert de 20 heures) et neuf «journées découvertes» pour les jeunes des centres de loisirs.
Il a été décidé cette année de renoncer aux charmes mais aussi aux aléas de la cour de l’Hôtel de Rohan et c’est donc dans la Salle des gardes au premier étage de l’Hôtel de Soubise (centre historique des Archives nationales) que David Kadouch donnait le récital inaugural. Agé de vingt et un ans, le pianiste français est issu de la classe de Jacques Rouvier au CNSMDP et a poursuivi son cursus avec Dimitri Bashkirov à Madrid. De la Sixième sonate «Dürnitz» (1775) de Mozart, il donne une lecture sans arrière-pensées, entière et sonore, voire trop appuyée et expéditive, d’autant qu’il omet toutes les reprises, y compris dans les variations finales.
Parmi les arrangements lisztiens, celui du Chœur des fileuses du Vaisseau fantôme (1841) de Wagner n’est pas le plus connu: un choix intéressant – même si Kadouch s’en tient à une approche superficielle et s’attache à souligner certains détails – car l’écriture se ressent de la manière tardive (1880) du compositeur et le travail tient davantage de la paraphrase que de la transcription, avec le thème du Hollandais qui apparaît à deux reprises.
Autre choix intéressant, les Six Encores de Berio, bref cycle (treize minutes) regroupant six pièces composées sur une période de vingt-cinq ans, autant de miniatures pouvant servir de bis («encores» en anglais): Brin (1990) et sa poésie rêveuse, Leaf (1990) et ses multiples éclats, Wasserklavier (1965) et sa tonalité délicate contrastant avec la solidité et les échos d’Erdenklavier (1970), Luftklavier (1985) aérien comme il se doit, mais non sans agitation et puissance, Feuerklavier (1989) véhément et insaisissable, concluant une série de pièces dédiées chacune à l’un des quatre éléments.
Dans la Deuxième sonate (1839) de Chopin, Kadouch développe une puissance trop athlétique, se traduisant par des difficultés à jouer piano, à faire chanter le clavier et à mettre en valeur les différentes voix. En revanche, la Huitième sonate (1944) de Prokofiev se révèle plus convaincante: non seulement il en relève le défi technique, mais il montre davantage de souplesse et de nuances, en même temps que l’agilité et la violence requises, même si l’on peut sans doute concevoir un Prokofiev plus ironique, voire métaphysique. En bis, le Dixième des vingt-quatre Préludes de l’opus 34 (1933) de Chostakovitch permet de finir la soirée dans une atmosphère plus détendue.
Le site du Festival européen Jeunes talents
Simon Corley
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