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Un bel hommage à Manuel Rosenthal

Paris
Théâtre Silvia Monfort
05/30/2007 -  et 31 mai, 1er, 2, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 13, 14, 15, 16, 17, 20*, 21, 22, 23, 24, 27, 28, 29, 30 juin 2007
Manuel Rosenthal : La Poule noire – Rayon des soieries (arrangements Franck Pantin)

Sarah Vaysset (Constance/Colette), Edwige Bourdy (Madeleine/La Princesse des Iles Aloha), Pierre Espiaut (Berbiqui/Le garçon d’ascenseur/Ben Gazou Gazou), Marc Mauillon (Gaston Paquet), Lionel Peintre (Monsieur Lajoie/Monsieur Loyal), Suren Shahi-Djanyan (Monsieur Comptant), Jean-Jacques Doumène (Le vieux monsieur)
Chœurs de la Péniche Opéra, Mathieu Romand (flûte), Sylvie Gazeau (violon, alto), Marie Deremble/Pauline Buet (violoncelle), Claude Lavoix (piano et direction musicale)
Mireille Larroche (mise en scène), Francesca Bonato (chorégraphie), Nicolas de Lajartre (scénographie), Danièle Barraud (costumes), Philippe Grosperrin (lumières)


Dans le registre léger, la saison lyrique à Paris marque le triomphe des femmes, même si cela s’accompagne de davantage de misogynie que de féminisme: après Menotti (voir ici), après Ibert et Poulenc (voir ici), le spectacle «O bonheur des dames!», créé début 2006 à la Péniche Opéra en coproduction avec les opéras d’Avignon et de Toulon et actuellement repris au Théâtre Silvia Monfort pour vingt-quatre représentations, n’usurpe pas non plus son titre. Sont ainsi associés deux ouvrages en un acte de Manuel Rosenthal (1904-2003) sur des livrets de Michel Veber, alias Nino: le beau-frère de Jacques Ibert – pour lequel il écrivit Angélique, mais qui collabora aussi avec Roussel pour son Testament de Tante Caroline – signe à nouveau ici des pièces vives et efficaces, qui ont visiblement su aiguiser la verve du compositeur.


Le spectateur y trouve aussi son compte, d’autant que dans La Poule noire (1937), opérette présentée à l’occasion de l’Exposition universelle, qui ne comporte que trois rôles chantés et dont la musique se réduit souvent à des modèles de danse bien connus (valse, java, charleston…), le texte parlé tient une place importante. Comme il se doit dans ce répertoire, le veuvage y est joyeux, avec une morale (?) qui n’engendre pas la morosité: «Si la fidélité des hommes pouvait toujours se contrôler, les veuves ne seraient jamais bien longues à se consoler». Pas un personnage pour sauver l’autre dans cet étalage de cynisme, à commencer par le jeune Berbiqui, qui se fait pourtant appeler Fidelio: d’emblée, la musique dit cependant clairement ce qu’il faut en penser, puisque les premiers accords de l’ouverture de l’opéra de Beethoven dérapent rapidement vers ce jazz dévergondé que dénonce la veuve éplorée.


Satire sociale, mais aussi traditionnel comique de répétition, comme ce choeur des candidats locataires, vêtus de costumes aussi tristes que ridicules, qui envahissent l’appartement à chaque fois que la pancarte «A louer» apparaît sur la porte. Egayée par les chorégraphies simples et fraîches de Francesca Bonato, la mise en scène de Mireille Larroche a tendance à grossir le trait et à tirer l’ensemble vers la farce: cela étant, non seulement elle a le mérite de soutenir le rythme, mais force est de reconnaître que la grandguignolesque espagnolade conclusive n’exige pas des trésors de subtilité.


Destiné à un théâtre qui devait être construit aux Galeries Lafayette mais dont les travaux, victimes de la crise économique, furent finalement interrompus, l’opéra bouffe Rayon des soieries (1930) offre davantage d’intérêt musical. Non seulement on y chante mieux – Marc Mauillon en jeune premier, Edwige Bourdy en princesse exotique chevauchant un chameau de pacotille, Lionel Peintre en chef de rayon maniaque des allitérations – mais la partition, tout en conservant une allure irrésistible dans les ensembles, dont la dynamique poivrée évoque parfois le Martinu parisien de ces années-là, s’inscrit dans la grande tradition française, avec ses airs et duos délicieusement raffinés. Les quatre musiciens – dont l’excellente Sylvie Gazeau – dirigés depuis son Bösendorfer par la pianiste Claude Lavoix, et l’arrangeur (Franck Pantin) se dépensent avec enthousiasme pour faire oublier que Rosenthal se rangeait parmi les plus grands orchestrateurs.


Plus créative que dans La Poule noire, la scénographie de Nicolas de Lajartre, sur fond d’images d’époque (affiches et couvertures de magazine) agrandies, reconstitue habilement le cadre du grand magasin, avec grille d’ascenseur, cabines d’essayage, comptoirs et panneaux muraux d’où s’écoulent des flots de tissu de toutes les couleurs: entre The Shop around the corner et Les Marx au grand magasin, alternent marivaudages des solistes et tourbillon des clients. Costumes toujours aussi loufoques de Danièle Barraud et acteurs d’une santé infatigable, stimulés par les vigoureux «Hop! Hop!» de Lionel Peintre, conseiller musical de ce spectacle, contribuent à cet hommage réussi à l’une des facettes du talent de Manuel Rosenthal.


Le site du Théâtre Silvia Monfort



Simon Corley

 

 

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