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Heureux qui ne chante que pour chanter! Paris Salle Pleyel 06/19/2007 - André Caplet : Messe à trois voix (extraits) (*)
Maurice Ohana : Quatre chœurs pour vois d’enfants (*)
Francis Poulenc : Petites voix (*) – Sept chansons (extraits) (#)
Reynaldo Hahn : Deux madrigaux anciens – L’Obscurité (#)
Marco-Antonio Pérez-Ramirez : Les Mots (#)
Maurice Ravel : Ballade de la reine morte d’aimer (arrangement Vincent Manac’h) – Le Jardin féerique, extrait de «Ma Mère l’oye» (arrangement Thierry Machuel)(&)
Charles Gounod : D’un cœur qui t’aime (&)
Edith Canat de Chizy : Dancing in the wind (création de la première partie) (&)
Hector Berlioz : Sur les lagunes, extrait des «Nuits d’été» (arrrangement Clytus Gottwald) (&)
Maîtrise de Paris, Patrick Marco (direction) (*), le jeune chœur de paris, Laurence Equilbey (direction) (#), Chœur de l’Orchestre de Paris, Didier Bouture et Geoffroy Jourdain (direction) (&)
Fondé en 1967, l’Orchestre de Paris célébrera la saison prochaine ses quarante ans, mais 2006-2007 aura marqué les trente ans du Chœur de l’Orchestre de Paris, constitué en 1976 par Arthur Oldham (1926-2003) à la demande de Daniel Barenboim, qui entamait alors son mandat de directeur musical dans la capitale: un anniversaire fêté assez discrètement jusqu’à ce concert, lui-même fervent à défaut d’être exubérant, dédié au répertoire français, de Berlioz à nos jours, et donné dans une Salle Pleyel dont l’acoustique, réverbérée mais point trop, se montre propice à cet exercice.
Sous les yeux des choristes de l’Orchestre de Paris, installés dans la tribune située derrière la scène, deux des départements du Conservatoire national de région de Paris étaient préalablement conviés à cette soirée, qui débutait ainsi avec la Maîtrise de Paris, «associée» à cette saison anniversaire, sous la direction de Patrick Marco. La frustration de n’entendre que les première et dernière des cinq parties de la Messe à trois voix (1920) de Caplet était heureusement compensée par les Quatre chœurs pour voix d’enfants (1987) d’Ohana. Les jeunes chanteurs – à vrai dire, quasi exclusivement chanteuses – en déjouent les difficultés rythmiques et harmoniques, notamment dans des Nuées de caractère ligetien, où la saturation chromatique se fait progressivement. Mais les Petites voix (1936) de Poulenc exigent davantage de précision et de clarté d’élocution.
Second invité: le jeune chœur de paris – rétif aux majuscules – formé en 1995 par l’incontournable Laurence Equilbey, devenue en 2002 «conseiller aux activités vocales» de l’Orchestre de Paris. C’est l’occasion d’entendre de trop rares pièces chorales de Reynaldo Hahn: Deux madrigaux anciens (1907) et L’Obscurité (1904), sur un poème de Victor Hugo dont le chef signale à l’attention du public les deux derniers vers («Heureux qui ne vit que pour vivre, qui ne chante que pour chanter!»): un véritable manifeste qui donne lieu à un joyeux gazouillis final. Nouvelle frustration, en revanche, avec seulement quatre des Sept chansons (1936) de Poulenc. Créés début juin à la Cité de la musique, Les Mots de Marco-Antonio Pérez-Ramirez disent ou chuchotent des sonnets de Louise Labé tout en les entourant de textures et d’harmonies d’un grand raffinement. Si les départs manquent parfois de cohésion et la sonorité des soprano se révèle un peu dure, ce «jeune chœur» peut cependant compter sur des basses d’une belle rondeur.
Les membres des deux formations ont successivement rejoint les premiers rangs du parterre, de telle sorte que les héros de cette célébration peuvent enfin descendre sur scène, sous la direction des deux chefs qui, parrainés par Laurence Equilbey, ont succédé à Arthur Oldham en 2002: Didier Bouture et Geoffroy Jourdain, par ailleurs co-directeur du jeune chœur, alternent à la tête du Chœur de l’Orchestre de Paris dans un programme qui met en valeur ses éminentes qualités. Après un bien moelleux D’un cœur qui t’aime (1851) de Gounod, c’est la création de la première partie de Dancing in the wind d’Edith Canat de Chizy: certes modérément servi par un accent assez peu idiomatique, le poème de Yeats est cependant utilisé ici avant tout pour son impact dramatique.
En 2003, le Chœur de l’Orchestre de Paris a commandé à Clytus Gottwald la transcription de Sur les lagunes, troisième des mélodies du cycle Les Nuits d’été (1841) de Berlioz: de somptueuses sonorités, véritablement orchestrales, même si ce riche travail à seize voix a été effectué à partir de la version originale avec simple accompagnement de piano. Ces pièces sont entourées de deux brèves pages de Ravel: d’abord, la Ballade de la reine morte d’aimer (1893), qui (ré)sonne magnifiquement dans un arrangement de Vincent Manac’h (par ailleurs auteur des notes de programme, remarquablement instructives), puis Le Jardin féerique, péroraison de Ma Mère l’oye (1910) arrangée par Thierry Machuel et que les familiers d’Accentus auront retrouvée avec plaisir.
Les trois «générations» de choristes se réunissent sur scène et dans la tribune pour reprendre D’un cœur qui t’aime et enchaîner sur un très prévisible Joyeux anniversaire que Didier Bouture fait reprendre au public.
Le site des trente ans du Chœur de l’Orchestre de Paris
Le site du jeune chœur de paris
Simon Corley
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