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Le choix du public

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
06/15/2007 -  et 16 juin 2007 (Saint-Vith)
Richard Wagner : Tannhaüser, ouverture
Bedrich Smetana : La Moldau
Edvard Grieg : Peer Gynt, suite n°1 (Mort d’Ase, Dans le hall du roi des montagnes)
Sergei Prokofiev : Roméo et Juliette, suites n°1 et 2 (Montaigus et Capulets, Juliette enfant, La Mort de Tybalt)
Dimitri Chostakovitch : Suite pour orchestre de jazz (Valse n°2)
Claude Debussy : La Mer
Maurice Ravel : Boléro

Orchestre National de Belgique, Mikko Franck



Pour son dernier concert à la tête de l’Orchestre National de Belgique en tant que directeur musical, Mikko Franck interprète le choix du public. Tout un chacun était invité à sélectionner, dans une vaste liste, les pièces qu’il souhaitait entendre à l’occasion de ce mini prom’s. Diffusé il y a quelques semaines, le programme définitif, reprenant les œuvres les plus plébiscitées, n’étonne nullement. Il s’agit de pièces célèbres, que l’on peut trouver dans n’importe quelle anthologie bon marché, et qui sont très souvent interprétées (le récent concert de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg à Bruxelles comportait même deux des œuvres de ce programme), mais ne boudons pas notre plaisir pour autant. Bénéficiant d’un très grand succès public, comparable au dernier récital de Kissin (ici), cette soirée est l’archétype de la manifestation musicale susceptible d’attirer des novices à la musique classique, d’autant plus qu’elle était présentée par Katelijne Boon dont les interventions, pédagogiques sans être infantilisantes, ne précédaient heureusement pas chaque morceau.


Peu présent cette saison pour raisons de santé, Mikko Franck semble également, par moments, plutôt absent dans l’Ouverture de Tannhäuser de Wagner mais l’ensemble s’avère néanmoins tout à fait satisfaisant, le chef finlandais, fidèle à l’esprit romantique de cette musique, se montrant plus inspiré à l’approche de la conclusion. Interprétée avec un élan irrésistible, mais aussi avec une finesse relative, en particulier dans les premières mesures, la Moldau de Smetana démontre la capacité du chef à créer des effets et à ne pas perdre le fil du discours. De Peer Gynt de Grieg, que l’on n’entend pratiquement jamais intégralement, deux pièces ont été retenues : la Mort d’Ase et Dans le hall du roi des montagnes. L’une est donnée dans toute sa douleur, avec les couleurs sombres requises, tandis que l’autre est offerte avec humour.


Les trois extraits proposés de Roméo et Juliette de Prokofiev démontrent clairement les limites d’une sélection car l’impact, le charme et l’effet dramatique de Montaigus et Capulets, Juliette enfant et La mort de Tybalt s’avèrent plus spectaculaires en écoutant la totalité de ce chef d’œuvre. Malgré une mise en place perfectible dans le premier extrait, l’orchestre s’en sort très honorablement, en particulier dans une Mort de Tybalt prenante et pleine de violence. Concluant la première partie de ce concert, la fameuse et rabâchée Valse de Chostakovitch ne permettra pas aux spectateurs ne connaissant rien de l’auteur de Lady Macbeth de Mzensk de découvrir la véritable nature de ce compositeur majeur. Mais cette pièce est interprétée avec enthousiasme par un Mikko Franck qui prend manifestement autant de plaisir que le public.


Le déficit de beauté plastique de l’orchestre dans La Mer de Debussy est compensé par une belle vitalité et une puissance très impressionnante, à défaut de s’inscrire totalement dans le caractère impressionniste de ce triptyque. Avec Mikko Franck, le Dialogue du vent et de la mer relève nettement de la joute verbale préélectorale… Comment se passer, enfin, du Boléro de Ravel, œuvre manifestement toujours aussi essentielle pour le public, comme l’a d’ailleurs confirmé un récent sondage de Radio Classique ? Pris dans un tempo traditionnel, ni trop lent, ni trop rapide, l’interprétation révèle un fini instrumental qui laisse, une fois de plus, nettement à désirer mais le jeu collectif de l’Orchestre National de Belgique emporte l’adhésion.


Ainsi se conclut le mandat de Mikko Franck à la tête de la phalange nationale. Le jeune chef, toujours intéressant à entendre et touchant à voir – quoi qu’affirment certaines mauvaises langues –, bénéficia d’une standing ovation de la part du public dont il prend congé en empoignant une dernière fois l’orchestre dans les dernières mesures du Boléro.





Sébastien Foucart

 

 

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