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Le retour de la Flûte à la Monnaie Bruxelles La Monnaie 06/08/2007 - 9, 10*, 12, 13, 14, 15, 16, 17 et 19 juin 2007 Wolfgang Amadeus Mozart : La Flûte enchantée Harry Peeters* / Alfred Reiter (Sarastro), Milagros Plobador* / Elise Gäbele (Königin der Nacht), Jeremy Ovenden* / Dmitry Korchak (Tamino), Sandrine Piau* / Hélène Guilmette (Pamina), Stephan Loges* / Nikolay Borchev (Papageno), Liesbeth Devos (Papagena), Yves Saelens* / Mario Alves (Monostatos), Salomé Haller* / Klara Ek (Erste Dame), Isabelle Everarts de Velp (Zweite Dame), Angélique Noldus (Dritte Dame), Zelotes Edmund Toliver (Specher), Lorenzo Caròla (Erster Geharnischter / Zweiter Priester), Marc Claesen (Zweiter Geharnischter / Erster Priester), Sophie Clément*, Samuel Desguin*, Manon Poskin*, Maximilian Niemeyer, Pauline Derue, Caroline Jestaedt (Drei Knaben), René Laryea, Marcel Schmitz, Luc de Meulenaere (Drei Preister)
Chœurs et Orchestre Symphonique de la Monnaie, Piers Maxim (direction)
William Kentridge (mise en scène & décors), Sabine Theunissen (décors), Jennifer Tipton (éclairages), Greta Goiris (costumes), Catherine Meyburgh (montage vidéo), Catherine Friedland (maquillage, perruques, coiffures)
La dernière production de cette saison à l’affiche dans la Grande Salle de la Monnaie est une reprise de la Flûte enchantée qui y fut créée en mai 2005 et programmée de nouveau le mois de septembre suivant. Avec cette série de représentations, vingt-neuf soirées et matinées auront été offertes au public, sans compter celles de la Brooklyn Academy of New York au mois d’avril dernier ou à l’Opéra de Lille suite à sa création…
Cette Flûte mérite-t-elle qu’on accorde à ce point autant d’énergie à la représenter ? La réponse est oui, assurément, mais s’agissant de la magie, de la féerie et de l’humour, le travail de William Kentridge risque d’en frustrer plus d’un. L’intérêt est avant tout visuel. Le Ritorno d’Ulisse, repris à la Monnaie dernièrement (voir ici), a permis d’apprécier le talent de l’artiste sud-africain à intégrer dans sa scénographie des dessins au fuseau animés et des films d’animation mais ce parti pris s’avère encore plus convaincant dans cette Flûte tant il sert vraiment l’œuvre. Les aspects initiatiques et, surtout, franc-maçonniques – y compris la thématique du passage de l’obscurité à la lumière –, sont de ce fait pertinemment soulignés. Dotés de costumes fin XIXème début XXème siècle et adoptant volontiers une gestique de film muet, les personnages évoluent dans une structure évoquant les vieilles machineries baroques et donnant l’impression que tout l’opéra se voit au travers de l’œil d’une caméra (objet par ailleurs présent sur scène…), le décor représentant la chambre noire. Efficace, cette option offre quelques images de toute beauté, en particulier dans la scène finale. Il est d’autant plus dommage que le charme de la scénographie soit rompu par le bruit du tapis roulant, utilisé, par ailleurs, à bon escient.
La mise en scène ne manque pas de rythme et il en faut pour soutenir la direction de Piers Maxim, fidèle à la conception de René Jacobs qui fut à la tête de l’Orchestre de la Monnaie lors de la création : dégraisser la pâte sonore, adopter des tempi rapides et intégrer, par moments, dans les dialogues, le pianoforte (joué par Inge Spinette). A défaut d’admirer la beauté et l’onctuosité de la prestation de l’orchestre, on ne perd pas une miette du discours.
Vocalement, si cette Flûte ne procure pas un enchantement total, quelques noms méritent cependant d’être cités, tant la qualité de leur prestation, aussi bien vocale que théâtrale, rehausse l’intérêt de cette reprise. Dans le rôle de Papageno, Stephan Loges confirme qu’il est une valeur sûre du chant mozartien. Incarnant avec justesse et drôlerie son rôle, sans jamais en faire trop, il donne la réplique au Tamino de Jeremy Ovenden, très beau ténor mozartien qui compense la puissance toute relative de son chant par une grande finesse. Si Sandrine Piau est une Pamina adorable autant qu’une musicienne pleine de métier, Harry Peeters incarne un Sarastro plein de noblesse. Quant à Milagros Poblador dans le rôle de la Reine de la Nuit, si elle ne nous offre pas le feu d’artifice vocal attendu, elle est loin de nous livrer un pétard mouillé et s’en sort très honorablement. Mention spéciale pour les jeunes Manon Poskin, Sophie Clément et Samuel Desguin, knaben très applaudis, alors qu’aucune ligne ne leur est consacrée dans la biographie des artistes incluse dans le splendide programme de salle réalisé par le Service Dramaturgique de la Monnaie.
Sébastien Foucart
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