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Schubertiade Paris
Auditorium du Louvre
10/21/1998 -
Hanns Eisler : Hollywood Liederbuch (extraits)
Matthias Goerne (baryton), Eric Schneider (piano) En exil aux Etats-Unis, Hanns Eisler (1898-1962) et Bertolt Brecht (1898-1956) n'en oublient par pour autant les affres et les souffrances de l'Europe ravagée par la guerre, Hollywood Liederbuch est l'écho déchirant d'un drame qui brise des millions de vies ; la Bible, Pascal, Hölderlin et Goethe sont aussi convoqués pour témoigner de cette détresse absolue. Donné en création à Paris (vous avez bien lu, honte sur nous !), ce cycle faisait figure d'événement. Malheureusement, Matthias Goerne déploie un chant trop policé, trop lisse, trop arrondi, trop sage pour la musique de Hanns Eisler ; il semble prendre les textes de Bertoldt Brecht avec des pincettes : pourquoi cette manie d'adoucir ou d'esquiver toutes les consonnes ? On croirait entendre du Schubert ! Avec tous les tics du récital traditionnel (les bis en moins !) comme cette gravité d'apparence qui sied pourtant très mal lorsque l'on chante : "Bach a en poche un choeur pour filles de joie, Dante se déhanche en balançant son maigre derrière"… Plutôt que de dériver du côté des "âmes romantiques" que dénonce Eisler, il aurait plutôt fallu s'inspirer du cabaret berlinois, en tout cas déployer un chant plus incisif, volontaire, truculent, ou grave - vraiment - lorsque Brecht évoque son exil et sa fuite en Scandinavie face à l'avancée des troupes nazies. Le jeune (né en 1967) baryton allemand passe Eisler et Brecht à la moulinette du style international. Souhaitons que d'autres interprètes puissent vraiment défendre ce cycle essentiel, encore un effort Mesdames et Messieurs les directeurs artistiques !
Philippe Herlin
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