About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Ciccolini et les héros tourmentés

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/22/2007 -  
Robert Schumann : Ouverture de «Manfred», opus 115 – Concerto pour piano, opus 54
Edvard Grieg : Peer Gynt (extraits)

Aldo Ciccolini (piano), Sissel (soprano)
Ensemble orchestral de Paris, John Nelson (direction)


Peu de pianistes possèdent aujourd’hui l’aura d’Aldo Ciccolini, dont le retour à l’Ensemble orchestral de Paris, après un mémorable Vingt-troisième concerto de Mozart la saison passée (voir ici) et sans oublier entre-temps un Saint-Saëns également très remarqué en septembre dernier à Pleyel (voir ici), a suscité une très forte affluence au Théâtre des Champs-Elysées. Toutefois, autant sa souveraine maîtrise avait impressionné dans Mozart, autant elle demeure en deçà des exigences expressives du Concerto pour piano (1845) de Schumann. En effet, jusque dans son bis – l’Adieu qui conclut les Scènes de la forêt (1849) – le Schumann du pianiste français frappe certes par son élégance, sa haute tenue technique et interprétative, sa tendresse pudique, sans épanchements excessifs, servi en outre par les sonorités très travaillées que délivre le Fazioli, mais, sans manquer pour autant de puissance, mériterait plus d’élan et d’énergie, voire parfois de fantaisie.


On peut supposer que John Nelson aurait préféré des tempi plus rapides, mais il joue pleinement le jeu, se montrant tout particulièrement attentif à suivre le soliste, pupitre tourné de trois quarts afin de mieux se mettre à son diapason: s’il ne parvient pas toujours à éviter les décalages, il s’attache en revanche à ne jamais couvrir jamais le piano, qui se trouve ainsi toujours placé au premier plan, y compris dans des passages où, tenant un rôle plus effacé, il est d’ordinaire davantage fondu dans l’orchestre.


Ceux qui n’étaient venus que pour Ciccolini auront préalablement dû patienter avec une Ouverture de Manfred (1851) décousue et dépourvue d’urgence. Et Nelson, dans ce répertoire, fait sonner son effectif de façon toujours aussi drue, bien que l’ayant quelque peu renforcé (trente-cinq cordes).


Les absents auront surtout raté, en seconde partie, les aventures d’un autre des héros les plus tourmentés de la littérature du XIXe, Peer Gynt. Parmi les vingt-trois numéros de l’importante musique de scène (1875) conçue par Grieg pour la pièce d’Ibsen, Nelson a procédé à sa propre sélection, d’une durée de près de trois quarts d’heure: à l’image de ce que bon nombre de chefs font avec Roméo et Juliette de Prokofiev, il est ainsi allé au-delà des (deux) Suites que le compositeur a lui-même tirées de sa partition, en l’occurrence huit pièces souvent fameuses (Au matin, Dans la salle du roi des montagnes, Danse d’Anitra, Chanson de Solveig, …). Ainsi restituées dans l’ordre de l’action, elles sont complétées par des pages un peu moins célèbres, mais parfois tout aussi séduisantes, comme cette Danse de la fille du roi de la montagne, à l’instrumentation enrichie par le piano et les percussions.


Dans cette musique, la verdeur de la direction et des timbres – nulle dérive wagnérienne dans Au matin – se révèle tout à fait appropriée, d’autant que les interprètes savent aussi rendre justice à l’élégance (partie centrale de la Danse arabe, Danse d’Anitra) et à la sensibilité (Mort d’Ase). Chemisier et robe brodés, la soprano norvégienne Sissel, candidate à l’âge de dix-sept ans au prix de l’Eurovision 1986, fait carrière, comme Björk, sous son seul prénom et pratique également le crossover, de Placido Domingo au hip-hop: sonorisée, sa voix au timbre tranchant et enfantin s’exprime avec goût dans la Chanson, bissée, où elle peine cependant à atteindre le la conclusif, et la Berceuse.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com