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Humour fin de siècle

Paris
Musée d’Orsay
05/22/2007 -  
Léon Xanrof : L’Hôtel du n° 3 – C’est le printemps – Le Rhume de cerveau – Carnot Polka – L’Anarchiste – Le Meeting des femmes électeurs – A la Sorbonne – Les Quat’z’étudiants – Héloïse et Abélard – A Trouville – Bébé qui chante (Le petit chat – Le petit âne) – Exercices de piano – Ballade du vitriolé – Flagrant délit – Le Fiacre

Jérôme Corréas (baryton), Susan Manoff (piano)


Même si le public a quelque peu déserté l’auditorium, la saison n’est pas pour autant finie au Musée d’Orsay: avant le retour du traditionnel «Théâtre d’ombres du Chat noir» (voir ici), c’est, comme la saison passée, une excellente mise en condition qui est proposée, à savoir un cycle de trois concerts consacré aux «Chansons françaises» ou du moins, comme il se doit pour ce musée dédié au XIXe siècle, à celles d’avant 1914. Les artistes qui avaient participé à cette série en 2006 sont d’ailleurs présents: avant Françoise Le Golvan le 29 mai dans un programme consacré à Marie Dubas, Jérôme Corréas et Susan Manoff, qui s’étaient illustrés l’année dernière dans les succès de Maurice Mac-Nab (voir ici), étaient de retour avec un autre chansonnier montmartrois, également pilier du cabaret Le Chat noir, Léon Xanrof (1867-1953).


Né Alfred-Léon Fourneau, Xanrof a choisi un pseudonyme crypté, traduisant son nom en latin (fornax), avant d’en inverser les lettres. Comme Mac-Nab, il était un poète plus qu’un musicien, disant ou chantant ses textes sur des accompagnements improvisés ou des «airs connus», ses «chansons» ayant toutefois été éditées en plusieurs recueils dès les années 1890. Dans les notes de programme, Mariel Oberthür le décrit comme«très timide, toujours bien habillé d’un redingote impeccable et le binocle scintillant».


Jouant pleinement de la souplesse de sa voix, jusqu’au fausset ou à la déclamation, Jérôme Corréas ne correspond probablement pas à ce portrait, mais il n’en met pas moins en valeur, notamment grâce à une diction particulièrement soignée, une sélection de seize chansons, dont les textes constituent autant de témoignages humoristiques sur leur époque, et ce dans différents registres: dérision (L’Hôtel du n° 3), allusions grivoises (C’est le printemps, Héloïse et Abélard, Flagrant délit), satire politique (Carnot Polka, L’Anarchiste, Le Meeting des femmes électeurs – à prononcer «métingue», pour la rime…), humour noir (Le Rhume de cerveau, Ballade du vitriolé, Le Fiacre), vignettes sociologiques (A la Sorbonne, A Trouville), narrations faussement ingénues (Les Quat’z’étudiants, Le petit chat, Le petit âne, Exercices de piano).


La partie musicale se révèle plus décevante, et ce n’est pas l’engagement de Susan Manoff – longues manches noires et robe asymétrique, toujours fidèle à ce répertoire «fin de siècle» – qui est en cause: la répétition de brefs couplets pauvrement harmonisés et à l’imagination mélodique assez médiocre fait porter l’essentiel du spectacle sur les textes. Or, de ce point de vue également, les attentes ne sont pas pleinement comblées, tant ils paraissent parfois trop prévisibles, en retrait par rapport au formidable esprit féroce et subversif de Mac-Nab. La comparaison s’impose d’autant plus que les musiciens offrent en bis deux de ses plus remarquables réussites, Les Fœtus et Le Pendu.



Simon Corley

 

 

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