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Hélène Grimaud accompagne

Baden-Baden
Festspielhaus
04/13/2007 -  
Robert Schumann : Dichterliebe Op. 48
Johannes Brahms : Lieder und Gesänge Op. 32
Robert Schumann : Quintette avec piano Op. 44

Thomas Quasthoff (baryton), Hélène Grimaud (piano), Radoslaw Szulc (violon), Akiko Tanaka (violon), Hermann Meninghaus (alto), Wenn-Sinn Yang (violoncelle)

Carte blanche à Hélène Grimaud : le Festival de Baden-Baden semble s’orienter vers la programmation occasionnelle de tels week-ends thématiques autour d’un jeune artiste médiatiquement déjà bien installé. L’idée est séduisante, et si le soliste choisi est effectivement d’une envergure qui dépasse le rayonnement d’une star people en vogue, le résultat peut s’avérer passionnant. Le Festival prépare pour l’an prochain une manifestation similaire autour de Maxim Vengerov, mais place pour l’instant au déploiement digital tous azimuts de notre pianiste franco-américaine.


Pour ce premier concert, qui sera suivi le lendemain d’un récital complet, et le surlendemain de deux Concertos (Schumann et 4e de Beethoven, avec Hugh Wolff), le déploiement de virtuosité est déjà impressionnant. Le Quintette de Schumann donné en conclusion révèle une endurance et une sûreté digitales qui décoiffent comme seules parfois les prestations de Martha Argerich, au détail près que la sonorité est quand même moins nourrie, avec un côté cristallin et articulé qui trahit un bagage bien français. Mais ce déficit en vraies couleurs brutes est compensé par de belles relances rythmiques et une musicalité qui font couler ce Quintette avec une agréable évidence. Dommage simplement que les cordes ne dépassent pas le stade du bon faire-valoir, avec des sonorités parfois cartonnées et un certain manque d’ampleur et de lyrisme, surtout du côté du violoncelle et du second violon. Dans ce genre de réunion de circonstance, reconnaissons à Martha Argerich l’art de savoir beaucoup mieux s’entourer.


En première partie, le mariage de ce piano infaillible avec la voix de Thomas Quasthoff est en revanche remarquablement réussi. Hélène Grimaud se risque ici dans une profession d’accompagnatrice qu’elle pratique peu d’habitude, en remplissant très honorablement son contrat: le son est plus discret, l’attention à la voix manifestement affectueuse et dévouée, et beaucoup de petits miracles se produisent. Reste qu’ainsi bridé le toucher a tendance à s’uniformiser, et que la poésie infinitésimale des Dichterliebe y laisse parfois quelques plumes. On peut déplorer aussi que dans ce cycle schumannien très unitaire la pianiste segmente à ce point, laissant le flux totalement retomber entre chaque Lied.


La mélancolie davantage passe-partout des Lieder Op. 32 de Brahms pose moins de problèmes de conception, les doigts ne rencontrant de toute façon aucune difficulté à contenir des lignes pourtant très chargées dans les limites d’un accompagnement. Côté soliste, l’ambiance est à la chaleur humaine maximale, avec un investissement des textes sans afféterie et une beauté des couleurs vocales qui ne laissent jamais l’attention retomber. Thomas Quasthoff a tendance désormais à gérer plusieurs voix, un grave énorme qui ronfle avec une plénitude magnifique, un medium plus émacié mais très expressif, et quelques aigus conquis presque sans tension apparente… Mais ce qui pourrait passer pour un manque d’homogénéité est habilement utilisé comme un arsenal expressif supplémentaire. Merveilleux moments, suivis par un public attentif dans une salle quasi-comble : le Festival de Baden-Baden comme on l’aime, conciliant habilement vedettariat et réussite musicale au plus haut niveau.



Laurent Barthel

 

 

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