About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Dr. Yefim and Mr. Bronfman

Paris
Salle Pleyel
04/04/2007 -  et 5 avril 2007
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 24, K. 491
Béla Bartok : Le Prince de bois, opus 13, sz. 60

Yefim Bronfman (piano)
Orchestre de Paris, David Zinman (direction)


Préromantique, le Vingt-quatrième concerto (1786) de Mozart? Pas dans la lecture étonnamment objective, en retrait au risque de la désincarnation, qu’en donne Yefim Bronfman. La surprise est d’autant plus grande qu’il a plutôt fait montre par le passé, dans les grands concertos romantiques ou de la première moitié du siècle dernier, d’une puissance impressionnante, pour ne pas dire d’une certaine brutalité, soutenue par une technique infaillible. Les moyens pianistiques demeurent, bien entendu, mais ils sont mis cette fois-ci au service d’une vision étale, qui confine au refus d’interpréter le texte et, a fortiori, de l’ornementer dans le Larghetto. Difficile de dire toutefois si, après le Docteur Yefim, il faut préférer le retour de Monsieur Bronfman, au vu de son bis, la dernière (Révolutionnaire) des douze Etudes de l’opus 10 (1830) de Chopin, précipitée et fracassante, dont la préoccupation semble exclusivement virtuose et démonstrative.


Déjà connu, grâce à son association discographique avec le plus aventureux Christian Zacharias, comme un excellent accompagnateur mozartien – la variété de nuances qu’il obtient dans les attaques constituant déjà à elle seule un véritable régal – David Zinman, qui a fêté ses soixante-dix ans en juillet dernier, reste décidément trop discret. Espacées de trois à quatre ans (avril 2000, octobre 2003), ses trop rares visites dans la capitale – à chaque fois à l’Orchestre de Paris – devraient donc susciter une affluence bien plus importante. Non seulement ses enregistrements sont réputés, quoique certes sans doute pas auprès du grand public, mais son titre de directeur musical de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich depuis 1995, s’il est certes ici encore moins ronflant que d’autres bien plus médiatisés, dissimule en réalité le formidable travail de fond réalisé avec une formation qui se tient actuellement parmi les toutes premières d’Europe.


Il est vrai que la programmation de l’intégralité (cinquante-cinq minutes d’un seul tenant) du Prince de bois (1917) n’était pas non plus de nature à mobiliser le public, car aussi indispensable ce maillon entre Le Château de Barbe Bleue et Le Mandarin merveilleux soit-il, le vaste «poème chorégraphique» de Bartok pâtit de l’ombre portée de ces deux œuvres et n’a pas acquis la place qu’il mérite au répertoire aux côtés de pièces d’ampleur comparable (Pelléas et Mélisande de Schönberg, L’Oiseau de feu de Stravinski, Daphnis et Chloé de Ravel).


Au moins Zinman, suivi par un Orchestre de Paris des grands soirs, aura-t-il efficacement plaidé en faveur de la partition, quoique sans doute de façon moins spectaculaire et éclatante, moins uniment straussienne, qu’Ivan Fischer en novembre 2005 (voir ici): pas d’opulence sonore à tout prix, mais, sans renoncer pour autant à une fête des timbres, des couleurs jamais criardes et un trait acéré qui met en valeur toutes les facettes de ce kaléidoscope d’une périlleuse versatilité pour les musiciens. Aidé par l’acoustique analytique de Pleyel, le chef américain éclaircit les textures et fait ressortir les différentes voix tout en ménageant de puissantes apothéoses sans excès de décibels aussi bien que des épisodes grotesques qui ne versent jamais dans la facilité. De la belle ouvrage!


Le site de Yefim Bronfman chez Sony
Le site de David Zinman



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com