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Coup de jeune

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/03/2007 -  
Ludwig van Beethoven : Triple concerto, opus 56
Anton Bruckner : Symphonie n° 7

Renaud Capuçon (violon), Gautier Capuçon (violoncelle)
Gustav Mahler Jugendorchester, Myung-Whun Chung (piano et direction)


Place aux jeunes au Théâtre des Champs-Elysées: d’ici une semaine, on pourra y retrouver l’Orchestre français des jeunes, l’une des quatre formations qui bénéficie du statut de «résident» avenue Montaigne, et auquel on souhaite le même succès public que celui rencontré par son homologue européen, le Gustav Mahler Jugendorchester (GMJO), pour la deuxième des neuf étapes d’un périple qui le conduit par ailleurs en Italie, en Suisse, en Autriche, en Espagne et au Portugal, sous la direction de Myung-Whun Chung et en compagnie des frères Capuçon, qui en furent tous deux des membres éminents, Renaud y ayant même exercé les fonctions de konzertmeister.


A la tête de toute cette belle jeunesse et depuis un clavier hélas trop au second plan, très probablement en raison de l’absence de couvercle, Chung dynamite le Triple concerto (1804) de Beethoven, animant le propos dans l’esprit d’un divertissement plus flamboyant que cohérent, plus ludique que précis. Un plaisir communicatif qui demeure peut-être à la surface du texte, mais qui n’est paradoxalement pas sans rendre justice à cette oeuvre inégale et problématique, qui pâtit trop souvent d’exécutions plus respectueuses et raisonnables mais si peu stimulantes.


Le chef semble aborder la seconde partie avec le même esprit facétieux: s’il n’est pas rare de voir les pianistes ajuster longuement leur tabouret, il s’y reprend quant à lui à deux fois pour reculer lui-même son podium et fait mine de s’y atteler une troisième. Les choses s’annonçaient pourtant autrement plus sérieuses, car après Munich/Thielemann (voir ici) et avant Budapest/Fischer, c’était ici la deuxième des trois apparitions de la Septième symphonie (1883) de Bruckner cette année dans la capitale. Il est d’ailleurs frappant que cette coïncidence soit le fait d’ensembles en tournée, souvent portés sur des partitions plus brillantes ou extérieures, aux embûches plus immédiatement valorisantes. Cela étant, si le GMJO livre une prestation de qualité, comme dans les impeccables soli des bois à découvert au début du développement de l’Allegro moderato initial, il avait montré lors de précédentes visites à Paris une forme plus convaincante, à l’image de ces Wagner-Tuben au timbre et à l’intonation bien étranges.


Si l’on a pu entendre Chung avec son Orchestre philharmonique de Radio France dans trois symphonies de Bruckner – Quatrième (février 2002), Sixième (février 2006) et, précisément, Septième (septembre 2002) – c’est, alors même que la foi profonde de l’organiste de Saint-Florian semble pouvoir entrer aisément en résonance avec son propre engagement religieux, un compositeur qu’il aborde toutefois relativement peu, en comparaison avec Mahler, par exemple, dont une décevante intégrale avait constitué l’épine dorsale de la saison 2004-2005 du Philhar’.


Malgré un départ très retenu, Chung se révélera, sans surprise, globalement plus rapide que Thielemann (soixante-sept minutes, soit huit de moins), au prix d’un fort rubato dans les deux premiers mouvements et d’une allure assez rapide dans les deux derniers. De même, l’importance de l’effectif instrumental n’est pas destinée à alourdir la pâte sonore: bien au contraire, les textures demeurent claires et le discours va de l’avant, plus dramatique que contemplatif ou mystique, malgré quelques chutes de tension, notamment dans un Adagio, certes de haute tenue (et avec cymbales et triangle), mais que l’on aurait pu espérer plus entêtant, morbide ou crépusculaire. Bref, si tout cela ne possède pas «l’authenticité» des Bavarois, et n’y prétend d’ailleurs sans doute pas, Bruckner ne s’en trouve nullement dénaturé pour autant et bénéficie d’une vision privilégiant l’élan sur la profondeur ou l’épaisseur: un choix qui réussit tout particulièrement au Finale, pierre d’achoppement de bon nombre d’interprétations, abordé ici dans un esprit quasiment rhapsodique, mais remarquablement vivant.


Le site de l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler



Simon Corley

 

 

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