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Schoeller et la «musique de l’œil»

Paris
Auditorium du Louvre
03/30/2007 -  et 31 mars, 1er avril 2007
Philippe Schoeller : Dura lex (création)

Ensemble Alternance: Jean-Luc Menet (flûte), Philippe Berrod (clarinette), Valeria Kafelnikov (harpe), Jacques Ghestem (violon), Pierre-Henri Xuereb (alto), Raphaël Chrétien (violoncelle), Jean-Marie Cottet (piano)

Après Thierry Pécou pour Nanook of the North (voir ici) et avant Misato Mochizuki pour Le Fil blanc de la cascade, Philippe Schoeller participe cette saison à la série «Cinéma muet en concert» que l’Auditorium du Louvre présente en association avec la SACEM: ainsi, selon le même principe qu’en décembre dernier, c’est à trois reprises qu’est diffusé Dura lex (1926) de Lev Kouchelov, accompagné d’une musique spécialement écrite pour l’occasion et interprétée par les sept membres de l’ensemble Alternance (flûte, clarinette – et leurs variantes graves – ainsi que trio à cordes, harpe et piano), avec lequel le compositeur entretient de longue date une relation privilégiée.


Adaptée d’une nouvelle de Jack London, L’Imprévu (1907), l’action de ce «western soviétique» tient, par sa simplicité en même temps que par sa portée, du drame antique davantage que du réalisme socialiste, ce que le régime ne manquera d’ailleurs pas ensuite de reprocher au réalisateur: comment un couple de chercheurs d’or, seuls survivants, dans la débâcle du Yukon, d’un groupe de cinq dont l’un des leurs a assassiné deux autres membres, surveille ce bien encombrant meurtrier en attendant l’hypothétique arrivée de la justice en ce lointain Klondike, avant de se décider à le pendre, non par simple vengeance, mais en ayant instruit son procès en bonne et due forme, sous le regard d’un portrait de la Reine Victoria. Selon la loi, pour reprendre le titre russe, mais jusqu’à ce que l’imprévu se produise…


A la différence de Pécou, Schoeller s’est totalement détaché des images et du scénario, qu’il ne tente ni de figurer, ni même de suivre, par respect pour la «musique de l’œil» qu’il y ressent à l’œuvre. Distinguant quatorze «épisodes» dans le déroulement de ces près de quatre-vingts minutes, il a décidé de créer autant de «microclimats», laissant même la place à de longues plages de silence. Un «retrait» explicitement revendiqué, la partition semblant donc le plus souvent suivre un propre cours autonome: le plus souvent statique, elliptique et pointilliste, elle laisse toutefois s’échapper ici ou là de brefs accents plus poétiques sertis dans des textures raffinées, rendant sans doute justice au «temps onirique» du cinéaste, mais pas nécessairement à l’expressionnisme, à la force des plans rapprochés, à la puissance de certains paysages ou même à l’humour.


Un respect, une discrétion et une modestie certes louables, et qui n’étonnent pas de la part de Schoeller, mais qui brident excessivement son travail, cantonné à un commentaire trop distant, passe-partout et, pour tout dire, risquant de laisser le spectateur sur sa faim.


Le site de l’ensemble Alternance



Simon Corley

 

 

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