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Dévoiement

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/26/2007 -  
Joseph Haydn : Variations en fa mineur, Hob. XVII.6
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 «Appassionata», opus 57
Frédéric Chopin : Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, et n° 3, opus 51 – Fantaisie-Impromptu, opus 66
Franz Liszt : Réminiscences de «Don Juan»

Alexeï Volodin (piano)


Au tout début de l’année au Théâtre des Champs-Elysées, Alexeï Volodin n’avait pas réellement convaincu en soliste du Troisième concerto de Beethoven (voir ici), dans lequel il était apparu certes probe, mais excessivement en retrait, tout en faisant preuve d’une technique très sûre. Premier prix au Concours Géza Anda de Zurich (2003), le pianiste pétersbourgeois, qui fêtera ses trente ans le 17 juillet prochain, a certes confirmé au cours de ce récital l’étendue impressionnante de ses moyens, qu’il aura été d’autant plus navrant de voir mis au service d’interprétations superficielles et anecdotiques, lesquelles n’en ont pas moins comblé le nombreux public de l’avenue Montaigne.


Les Variations en fa mineur (1793) de Haydn appellent ainsi une autre vision que cette sollicitation constante du texte, dans une galanterie maniériste entrecoupée de capricieux sursauts Sturm und Drang, à la limite de la déconstruction. Dommage, car le rapprochement avec la Vingt-troisième sonate «Appassionata» (1805) de Beethoven, dans la même tonalité et avec le même rythme pointé initial mais aussi un mouvement central à variations, était pertinent. Rapide et extérieure, bâclée et indifférente, cette lecture dispense d’impeccables volées de traits, mais nulle inquiétude, et encore moins de profondeur (Andante con moto), sans parler de phrasés parfois absurdes, comme dans l’Allegro ma non troppo final, qui dégénère en toccata virtuose où les doigts prennent largement le dessus sur la pensée.


En seconde partie, l’intégrale des Impromptus de Chopin poursuit dans cette veine: Premier (1837) précipité, immature et même drôle à force de mauvais goût; Deuxième (1839), plus nuancé nonobstant une section centrale bien militaire; Troisième (1842) s’épanouissant enfin davantage, mais Fantaisie-Impromptu (1835) réduite à une course contre la montre. Dans les Réminiscences de «Don Juan» (1841), Mozart ne trouve pas son compte – de façon sans doute inhérente à ce type d’exercice – mais Liszt? Suffit-il en effet d’additionner les décibels (évocation du Commandeur) puis les triples croches («Là ci darem la mano», Air du champagne) pour rendre justice au panache et à l’esprit de cette partition?


A l’issue de ce très bref programme (soixante-cinq minutes), Volodin ne se fait cependant pas prier pour offrir quatre bis, dont la Troisième des six Consolations (1850) de Liszt, mieux venue, avant de se livrer, dans le Deuxième des quatre Impromptus de l’opus 90 (1827), à une scandaleuse négation du génie schubertien, et de conclure sur la dernière (Patetico) des douze Etudes (1895) de Scriabine, un style indéniablement mieux approprié à de tels traitements.


Dévoiement, le mot ne semble décidément pas trop fort, lorsqu’une telle facilité n’est utilisée que pour produire des notes, et non de la musique. Et dire que deux jours plus tôt, un véritable artiste tel qu’Olivier Reboul (voir ici) n’avait rassemblé qu’une soixantaine d’auditeurs Salle Cortot…



Simon Corley

 

 

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