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Mariage de raison

Paris
Théâtre Artistic Athévains
03/06/2007 -  et 7, 9, 10, 11, 12, 14, 15, 17, 19, 20, 21, 22, 23, 25 mars, 2, 3, 4, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30 avril, 1er, 2, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 13, 14, 15, 16, 18, 19, 20 mai (Paris), 24, 25, 26 mai (Jouy-le-Moutier) 2007
Domenico Cimarosa : Il Matrimonio segreto (arrangement Andrée-Claude Brayer)

Frédéric Bang-Rouhet (Le Comte), Pierre-Michel Dudan (Geronimo), Claire Geoffroy-Dechaume (Fidalma), Karine Godefroy (Elisetta), Gaëlle Pinheiro (Carolina), Gorka Robles Alegria (Paolino)
Orchestre-Studio de Cergy-Pontoise: Jean-Marie Poupelin/Baptiste Gibier (hautbois), Philippe Durand (cor), Aude Caulé Lefèvre/Nathalie Saint-Arroman, Romain Sénac (violons), Carole Dauphin/Nicolas Galière (alto), Maud Simon/Guillaume François (violoncelle), Cécile Grondard (contrebasse), Thérèse Fèvre (clavecin), Andrée-Claude Brayer (direction)
Anne-Marie Lazarini (mise en scène), François Cabanat (décor, lumières), Dominique Bourde (costumes)


L’opéra s’impose dans les théâtres, et qui songerait à s’en plaindre lorsque ceux-ci agissent ainsi en faveur de répertoires négligés par les grandes maisons? Après l’Athénée, qui accueille les productions des Brigands et des Jeunes voix du Rhin, le trio qui a relevé de ses ruines, voici plus d’un quart de siècle, l’Artistic Athévains, petite salle (deux cent vingt places) pimpante située à deux pas de la mairie du XIe arrondissement, et qui en réalise les spectacles – Anne-Marie Lazarini pour la mise en scène, François Cabanat pour les décors et lumières, Dominique Bourde pour les costumes – se lance à son tour dans l’aventure, avec le renfort de l’Orchestre-Studio de Cergy-Pontoise, constitué pour l’essentiel d’enseignants du CNR de cette agglomération.


La complicité avec le chef de cette formation à géométrie variable, Andrée-Claude Brayer, s’est nouée à l’occasion d’une Traviata donnée sur la scène nationale L’Apostrophe, première expérience de mise en scène d’opéra pour Anne-Marie Lazarini, mais pour leurs débuts parisiens en la matière, elles ont fort opportunément effectué un choix plus original. Le Mariage secret (1792) fait en effet partie de ces œuvres dont on parle toujours mais qui n’ont pas souvent été honorées, tant au disque qu’à la scène: l’ouvrage de Cimarosa, que Stendhal admirait tant, est donc de nature à susciter la curiosité.


Créés à Vienne vingt-deux jours avant la naissance de Rossini, ces deux actes tiennent plutôt encore de Haydn ou, bien entendu, de Mozart: Dramma giocoso comme Don Giovanni, à six personnages en trois couples musicalement assortis comme Cosi fan tutte et, surtout, «folle journée» digne des Noces de Figaro, dont le dénouement festif naît également du pardon d’un comte et des confusions que la nuit rend propices. On y recherchera certes en vain les mêmes raffinements psychologiques ou instrumentaux – d’autant qu’Andrée-Claude Brayer a été contrainte d’établir une version pour huit instruments (hautbois, cor, clavecin et quintette à cordes), pas toujours très bien servie par son ensemble – mais cette musique qui fait quasiment mine d’ignorer le mode mineur brille par son sens dramatique, son humour, ses couleurs subtiles (début de la scène finale du second acte) et peut-être surtout ses ensembles, les airs étant d’ailleurs réduits à la portion congrue.


Dès lors, le parti pris de l’équipe artistique apparaît comme le plus judicieux: ne pas surestimer ce divertissement qui enchanta l’Empereur Leopold II, dont l’histoire (ou la légende) affirme qu’il en demanda la reprise intégrale le soir même de la première représentation. Pour ce faire, inutile de chercher midi à quatorze heures: lumières évoluant parallèlement au jour, de la blancheur quasi aveuglante du midi jusqu’aux ombres de minuit; costumes contemporains qui, pour le dénouement nocturne, se font hommage en perruques poudrées au XVIIIe finissant; décor unique sous forme de treillis latéraux de verdure et, en fond de plateau, d’une balustrade qui encadrent une terrasse immaculée, peuplée de quelques meubles de jardin et, surtout, d’éphèbes à feuilles de vigne matérialisant les aspirations plus ou moins avouées de ces dames.


Pour faire fonctionner une aussi vive comédie, il faut une troupe et, de ce point de vue, la salle n’est pas déçue: aidée par le surtitrage, elle goûte visiblement une mise en scène qui exploite les ressources de l’efficace mécanique du livret de Giovanni Bertati et un sextuor de protagonistes globalement crédible, ne serait-ce que parce la plupart semblent avoir l’âge de leur personnage. Individuellement, les performances de chanteur ou d’acteur des uns et des autres appellent en revanche des appréciations contrastées. Karine Godefroy domine largement par la qualité de son timbre et sa précision: l’on comprend aisément que le Comte de Frédéric Bang-Rouhet, vaniteux et lubrique, puis plus aristocrate dans son pardon ultime, se résolve sans trop de peine à l’idée d’épouser Elisetta plutôt que Carolina. Celle-ci est incarnée par Gaëlle Pinheiro, pleine de tempérament, mais ne parvenant pas toujours à placer sa voix. A ses côtés, le Paolino de Gorka Robles Alegria fait face à des problèmes de justesse encore plus manifestes: dommage, car s’il n’est pas aidé par une couleur assez ingrate, il soigne pourtant sa ligne de chant. Le frère et la sœur, Pierre-Michel Dudan en Geronimo et Claire Geoffroy-Dechaume en Fidalma, se tirent honorablement de leurs rôles, même si les extrêmes de leur tessiture se révèlent parfois hasardeux.


Mais ces quelques réserves ne sauraient nuire à une impression positive, d’une grande fraîcheur, de telle sorte que ces deux heures un quart passent comme dans un rêve. Le spectateur devra toutefois être bien réveillé avant de se rendre au théâtre et prendre bien note de l’horaire, qui selon les jours, est fixé à 16 heures, 19 heures, 20 heures ou 20 heures 30.


Le site du Théâtre Artistic Athévains



Simon Corley

 

 

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