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Le raisonnable et le turbulent

Paris
Salle Pleyel
03/02/2007 -  
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 2, opus 64
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Vadim Repin (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


Pour son retour à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung dirigeait un programme associant deux œuvres très dissemblables quoique, chacune à leur manière, indéniablement romantiques et, surtout, appartenant à ce grand répertoire que le public ne se lasse pas de réentendre. De telle sorte qu’il n’est pas nécessaire de remonter bien loin pour les retrouver à l’affiche du Philhar’: mars 2003 pour le Second concerto pour violon (1844) de Mendelssohn avec Renaud Capuçon (voir ici) et juin 2003 pour la Symphonie fantastique (1830) de Berlioz (voir ici).


Sage et parfait? C’est en tout cas le souvenir que Vadim Repin laisse d’une présence ancienne et fidèle dans la capitale, tant en récital qu’avec orchestre, notamment en compagnie des formations de Radio France. Mais le violoniste russe surprend en ce qu’il ne se révèle cette fois-ci ni l’un ni l’autre. Techniquement pas à son meilleur – mais tout est relatif – il aborde de façon étonnamment rhapsodique l’Allegro molto appassionato, avec des ralentis exacerbés, de violents contrastes, un caractère quasiment torturé: des exagérations qui ne sont généralement de mise ni chez lui, ni chez le «raisonnable» Mendelssohn. L’Andante apporte à peine une respiration, tant sa partie centrale paraît à nouveau étrangement oppressante, crépusculaire. L’Allegro molto vivace, plus agité et précipité, nerveux et martial que gracieux et léger, conclut une interprétation très éloignée des canons auxquels on est habitué dans ces pages. Mais cette veine vindicative, épique et conflictuelle convient à merveille à la Troisième sonate «Ballade» (1923) d’Ysaÿe donnée en bis, qui ne sacrifie pas pour autant la beauté sonore.


Dans le «turbulent» Berlioz, le premier mouvement (Rêveries – Passions), sans sa reprise, n’augure rien de bon: démarrage très (somno)lent, servant un propos capiteux et fignolé à l’extrême, aux effets grossis à la loupe, comme dans cette «idée fixe» trop travaillée pour conserver la moindre spontanéité. Et puis vient Un bal (avec quatre harpes), transparent et aéré, presque fragile: l’orchestre gagne dès lors en cohésion et en conviction, jusqu’à une brillante péroraison. L’interprétation culmine dans une Scène aux champs d’anthologie: comme Hélène Devilleneuve, premier hautbois solo, est dispensée de sa sortie et de son retour sur scène, on ne saura pas qui, en coulisse, dialogue avec le cor anglais toujours aussi impeccable de Stéphane Suchanek. La déception est cependant de courte durée, car la suite du mouvement est exemplaire de ce que Chung et ses musiciens semblaient avoir davantage de mal à atteindre, ces derniers mois, qu’au début de leur collaboration: superbes alliages de timbres, plénitude de l’expression, conduite des phrasés, inspiration constante aussi bien dans le paisible que dans le violent ou le menaçant.


Il ne reste plus qu’à conclure sur une Marche au supplice hélas elle aussi privée de sa reprise, mais tendue et spectaculaire à souhait (avec deux tambours), enchaînée presque sans interruption au Songe d’un nuit de sabbat: introduction «fantastique» au sens propre du terme, Dies irae admirablement coloré, cinglante Ronde du sabbat, le triomphe est garanti à l’issue du dernier accord, retentissant avec pas moins de cinq cymbales suspendues.


Le site de Vadim Repin



Simon Corley

 

 

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