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L’Intercontemporain de Birmingham

Paris
Maison de Radio France
02/24/2007 -  et 3 février 2007 (Birmingham)
Thomas Adès : Chamber symphony, opus 2
Tansy Davies : Falling angel
Gerald Barry : The Triumph of beauty and deceit

Andrew Watts (Pleasure), William Purefoy (Truth), Christopher Lemmings (Beauty), Roderick Williams (Deceit), Stephen Richardson (Time)
Birmingham contemporary music group, Thomas Adès (direction)


Placé sous la direction de la «vedette» de l’édition 2007, Thomas Adès, ce concert du Festival «Présences» mettait tout particulièrement en valeur sa relation ancienne avec le Groupe de musique contemporaine de Birmingham (BCMG) et avec les compositeurs se situant dans la mouvance de cet ensemble fondé voici vingt ans par des musiciens de l’orchestre de la ville (qui était alors celui de Simon Rattle), reprenant un programme qui y avait été donné trois semaines plus tôt.


Comme toute Symphonie de chambre qui se respecte depuis Schönberg, celle d’Adès (1990, deux ans avant une autre Chamber symphony ayant marqué son temps, celle de John Adams) est destinée à un effectif de quinze exécutants, même si la nomenclature (quatre bois, trois cuivres, deux percussionnistes, piano et cinq cordes) et, bien sûr, le style en sont très différents. En treize minutes d’un seul tenant, tour à tour jazzy et goguenard, mystérieux et inquiétant, animé et agile, le discours n’est sans doute pas révolutionnaire mais il porte la marque du talent ou de l’habileté d’un jeune homme de dix-neuf ans.


Falling angel (2006) de Tansy Davies (née en 1973) fait appel à une formation comparable: une seconde trompette remplace le trombone, un second cor et un basson rejoignent le plateau, tandis que le pianiste, au lieu de l’accordéon, alterne cette fois-ci avec un synthétiseur utilisé dans son seul registre de clavecin. Appartenant à la même génération qu’Adès, l’Anglaise (née en 1973) a bénéficié dans son pays d’une reconnaissance presque aussi précoce. D’une durée de vingt minutes, sa nouvelle œuvre s’inspire du tableau éponyme d’Anselm Kiefer, dépeignant la chute d’un ange portant une palette, allégorie des menaces qui pèsent sur l’artiste. Dans un propos rythmé et heurté, privilégiant les textures âpres, une mélodie du cor anglais, soutenu par les cordes, tente de s’exprimer, mais les glapissements des autres instruments finissent par en avoir raison.


L’ouverture du festival avait vu la décevante création (voir ici) du quatrième opéra de Gerald Barry (né en 1952), La plus forte. Si celui-ci mettait en scène une seule chanteuse, les cinq rôles de son deuxième opéra, The Triumph of beauty and deceit (1992), sont exclusivement masculins. Sur un livret de l’Australienne Meredith Oakes (née en 1946), distribué au public dans sa seule version anglaise, ce «triomphe de la beauté et de la dissimulation» évoque une allégorie baroque, querelle opposant la Beauté, le Plaisir, la Vérité, la Désillusion et le Temps. Mais tant l’action que la musique adoptent une distance ironique: si le premier acte de cette sorte de variante grotesque de «Hercule entre le vice et la vertu» s’achève de manière on ne peut plus convenable, avec la mort de la Désillusion face aux objurgations de la Vérité et du Temps, le second acte voit la victoire de la Beauté et du Plaisir qui, éclairés par le retour de la Désillusion, s’unissent en un duo archaïsant.


Palliant l’inhabituel laconisme du copieux livre-programme remis aux spectateurs tout au long du Festival, le directeur artistique, René Bosc, indique dans une présentation liminaire effectuée à la demande d’Adès et Barry, que ces cinquante-quatre minutes promettent d’être «animées et drôles». Animées, inconstestablement, tant la dispute autour de la Beauté trouve sa traduction dans un «orchestre» (cinq bois, cinq cuivres, cinq cordes, piano et marimbas) d’une incessante activité et dans une écriture vocale qui, faisant référence à une virtuosité digne la première moitié du XVIIIe (avec deux contre-ténors) tout en recourant aux grands sauts d’intervalles typiques de la seconde moitié du XXe, précipite la prosodie. Drôles, visiblement, pour les solistes, qui s’amusent à incarner ces nobles figures à la fatuité et aux caprices bien humains, mais qui sont handicapés par la difficulté à rendre le texte intelligible voire simplement à passer la rampe, bien qu’aidés par une légère amplification. Le langage du compositeur irlandais emploie des éléments connus – difficile de ne pas songer à nouveau à Stravinski (Renard pour la joute vocale, The Rakes’ progress pour le pastiche) – mais le résultat, servi par l’infatigable brio de «l’Intercontemporain de Birmingham», ne manque pourtant pas d’originalité même s’il gagnerait certainement à échapper au cadre strict d’une exécution de concert.


Le site de Tansy Davies
La page de Gerald Barry chez Oxford university press
Le site du Birmingham contemporary music group



Simon Corley

 

 

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