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Jeunesse shakespearienne

Paris
Palais Garnier
02/19/2007 -  
Vincenzo Bellini : I Capuleti e i Montecchi (air de Giulietta) (*)
Ambroise Thomas : Hamlet (duo d’Ophélie et Hamlet) (#)
Giuseppe Verdi : Falstaff (airs de Ford et de Nanetta) (+)
Benjamin Britten : A midsummer’s night dream, opus 64 (extraits) (§)

Elisa Cenni (#), Marie-Adeline Henry (§), Maria Virginia Savastano (*), Elena Tsallagova (+) (sopranos), Anna Wall (§) (mezzo), Vincent Delhoume (§) (ténor), Igor Gnidii (+), Vladimir Kapshuk (#), Wiard Witholt (§) (barytons), Geoffrey Carey, Tercelin Kirtley (comédiens)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Edward Gardner (direction)


Sous la direction de Christian Schirm depuis janvier 2005, l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris permet à douze jeunes chanteurs mais aussi à quatre pianistes chefs de chant de travailler durant deux ans l’ensemble des disciplines liées aux arts de la scène. Au fil de la saison, plusieurs spectacles permettent de se faire une idée de la qualité de ces recrues venues de tous les pays, à l’image de ce concert donné par neuf d’entre elles au Palais Garnier: l’occasion de faire ses preuves «pour de vrai», devant l’Orchestre de l’Opéra dirigé par Edward Gardner et face à un nombreux public, comptant en outre bon nombre de professionnels en quête de nouveaux talents. Enrichi par le surtitrage et, surtout, par un «travail théâtral» de Stephen Taylor, offrant ainsi un minimum de jeux de scène voire de mise en espace, le programme, intelligemment conçu, allait au-delà de la traditionnelle succession un peu lassante d’airs isolés, en proposant des extraits de quatre opéras tirés de pièces de Shakespeare.


Dans le récitatif «Eccomi in lieta vesta» et la romance «Oh! Quante volte» de Juliette au premier acte des Capulets et Montaigus (1830) de Bellini, la Brésilienne Maria Virginia Savastano fait valoir de grandes qualités – justesse, aigus faciles, vocalises assurées, puissance, nuances, diction, phrasés bien conduits – mais pèche par manque de caractérisation de son personnage.


Dans l’air de Hamlet «Vains regrets», suivi de son duo avec Ophélie au premier tableau de Hamlet (1868) d’Ambroise Thomas, l’Ukrainien Vladimir Kapshuk semble avoir endossé un rôle un peu trop large, avec un vibrato trop systématique et dans un français compréhensible, mais à l’intonation pas très naturelle. Plus à l’aise dans son expression scénique comme dans son chant, Italienne Elisa Cenni manque de projection dans le medium et le grave, mais son timbre pur et lumineux traduit une véritable personnalité.


Le Moldave Igor Gnidii fait forte impression dans l’air de la jalousie de Ford («E’ sogno o realta?») du deuxième acte de Falstaff (1892) de Verdi: incarnation particulièrement vivante, autorité, voix fine mais qui porte loin, parfaite homogénéité sur l’ensemble de sa tessiture, diction impeccable et attention portée au texte, c’est une véritable interprétation qu’il construit. Entourée de fées qui sont les quatre autres chanteuses de la soirée, la Russe Elena Tsallagova, en Nannetta devenue Reine des fées, chante la scène «Sul fil d’un soffio etesio» du troisième acte: superbe colorature, aux aigus tranchants et précis.


Après la Reine des fées, l’enchaînement avec la seconde partie était tout naturel, avec Obéron, Roi des fées du Songe d’une nuit d’été (1960) de Britten. Pas de contre-ténor dans la «promotion» de l’Atelier lyrique: c’est donc un acteur qui tient le rôle d’Obéron, mais Geoffrey Carey, assisté du remarquable Puck de Tercelin Kirtley, compense au mieux, par sa prestance et sa sensibilité, les regrets que suscite une telle absence. De façon tout à fait ingénieuse, le parti pris a été de réduire l’opéra aux seuls chassés-croisés amoureux des deux couples athéniens, Lysandre et Hermia, Demetrius et Helena: près de cinquante minutes d’extraits, certes, mais dont la continuité et la cohérence sont ainsi assurées.


Les parties sont terriblement exigeantes et l’anglais n’est pas non plus la langue la plus facile à chanter, tout ceci contribuant peut-être à ce que le sentiment d’ensemble soit légèrement moins satisfaisant qu’en première partie. Le baryton néerlandais Wiard Witholt s’impose toutefois avec brio, aussi bien dans la vindicte que dans la passion; à ses côtés, la Britannique Anna Wall ne manque pas non plus d’assurance sur scène, avec un timbre d’une belle richesse. Les Bordelais Marie-Adeline Henry et Vincent Delhoume paraissent en revanche quelque peu en retrait: la soprano témoigne certes d’un indéniable métier, notamment par son jeu d’actrice, mais la voix manque de caractère et parfois de solidité; le ténor livre quant à lui une prestation vocalement inégale, dans un anglais pas très idiomatique.


La page de l’Atelier lyrique sur le site de l’Opéra national de Paris



Simon Corley

 

 

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