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Natalie, n'abandonnez pas l'opéra! London
Covent Garden
01/11/2007 - et 14, 18, 20, 23, 25, 27, 29 janvier, 1er* février 2007
Gaetano Donizetti: La Fille du régiment
Natalie Dessay (Marie), Juan Diego Flórez*/Colin Lee (Tonio), Felicity Palmer (La Marquise de Berkenfeld), Alessandro Corbelli (Sulpice Pingot), Donald Maxwell (Hortensius), Dawn French (La Duchesse de Crackentorp)
Orchestre et chœurs du Royal Opera House, Bruno Campanella (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène et costumes), Agathe Mélinand (assistante à la mise en scène et dialogues), Chantal Thomas (décors), Joël Adam (lumières), Laura Scozzi (chorégraphie)
On le sait, cette Fille du régiment a fait délirer les Londoniens et se pâmer les critiques, à juste titre d’ailleurs. Le spectacle restera en effet comme l’un des plus aboutis de ces dernières années, toutes scènes lyriques confondues, comme l’une des rares productions où tout fonctionne à merveille. Dans l'euphorie générale cependant, un léger doute ne peut s'empêcher de s'insinuer dans les esprits: et si Natalie Dessay tournait le dos à l'opéra pour se consacrer au théâtre? On connaissait la chanteuse époustouflante de virtuosité et on la découvre ici comédienne hors pair, faisant preuve d’un abattage scénique impressionnant et d’une énergie incroyable. Sur la scène de Covent Garden, elle s’en donne manifestement à cœur joie, et communique son enthousiasme à ses collègues et au public. Pour capter pareillement l’attention des spectateurs simplement en repassant ou en épluchant des pommes de terre, il faut un sacré talent. Donc la question d'une carrière au théâtre risque de se poser tôt ou tard. On espère le plus tard possible. Raison de plus en tout cas pour savourer les Manon, Traviata et autre Mélisande que Natalie Dessay nous réserve pour ces prochaines années.
Mais cette Fille du régiment, c’est aussi bien sûr l’aisance déconcertante avec laquelle Juan Diego Florez enfile les contre-ut dans le célèbre «Ah mes amis, c’est jour de fête...». C’est la révélation d’Alessandro Corbelli et de Felicity Palmer dans des rôles comiques, c’est la verve de la direction d’un Bruno Campanella inspiré. Sans oublier évidemment la mise en scène spirituelle de Laurent Pelly, qui, sans jamais tomber dans la vulgarité, enchaîne gags, trouvailles et anachronismes dans les dialogues, faisant rire aux larmes le public. Qui a dit que les Anglais étaient flegmatiques? Un seul conseil donc: précipitez-vous à Vienne ce printemps ou à New York cet automne, où le spectacle sera repris avec ses deux principaux interprètes. Et pour tous ceux qui n’auront pas eu la chance d’obtenir un billet, on espère qu’un DVD viendra immortaliser cette magnifique production.
Claudio Poloni
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