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Vitrine parisienne

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
02/05/2007 -  
Suzanne Giraud : Non, peut-être
Carl Philipp Emanuel Bach : Concertos pour flûte W. 166 (H. 431) et W. 168 (H. 438)
Béla Bartok : Divertimento, sz. 113

Juliette Hurel (flûte)
Orchestre d’Auvergne, Arie van Beek (direction)


En octobre dernier, l’Orchestre d’Auvergne et son directeur musical, Arie van Beek, avaient fait forte impression Salle Gaveau dans le cadre des «Paris de la musique» (voir ici) et ils ont pleinement confirmé leur qualités au cours d’un concert qui s’est fait la vitrine parisienne de trois aspects de leur activité et de leur actualité.


L’ensemble auvergnat entreprend ainsi une résidence avec Suzanne Giraud. En attendant les premières, le 18 décembre prochain, de son Concerto pour clarinette (avec Michel Lethiec), puis, le 11 mars 2008, de son Postlude au Ricercare – de Bach/Webern, un défi aussi étrange que redoutable – l’orchestre reprenait une partition plus ancienne, Non, peut-être (1994), créée en son temps à Toulouse par Alain Moglia. Si, d’une œuvre à l’autre, elle déploie toujours les mêmes qualités – rigueur, inventivité, densité, intelligence, expressivité –, Suzanne Giraud ne se contente pas de recycler les mêmes procédés mais offre à chaque fois un propos original et renouvelé.


C’est le cas de ces onze minutes fondées sur la notion de geste et, dans la descendance du «Muß es sein?» beethovénien, sur l’opposition entre fermeté («Non», en tirant l’archet au talon) et hésitation («peut-être», en poussant l’archet à la pointe). Si le geste des musiciens se fait ainsi physique, presque chorégraphique, la musique est également toute de gestes magnifiques, comme ces accords d’ouverture, ces grandes vagues sonores et ces exacerbations successives par accélération, par montée d’intensité ou par progression vers les registres extrêmes.


Inattendu sur le papier, le rapprochement avec Carl Philipp Emanuel Bach se révèle cependant fructueux, tant le discours du «Bach de Hambourg» fonctionne également par contrastes et surprises. Parmi ses quatre concertos pour flûte, Juliette Hurel vient d’en enregistrer trois avec l’Orchestre d’Auvergne, à paraître le mois prochain chez Zig-Zag Territoires: s’ils existent par ailleurs dans des versions pour violoncelle, ils ont été écrits à l’origine pour clavecin, ce que trahit sans doute l’importance du continuo (violoncelle et clavecin) qui accompagne toujours les soli de flûte, hormis dans les cadences.


Deux d’entre eux avaient été sélectionnés pour l’occasion: le la mineur (1750), où la violence des tutti, remarquablement stimulés par Arie van Beek, s’oppose à la fragilité et à la douceur de l’instrument soliste, qui souffre d’une projection relativement limitée et d’un éventail assez resserré de nuances dynamiques; le la majeur (1753), plus virtuose, mais comprenant un poignant Largo mesto central. L’aisance de Juliette Hurel est telle que l’on ne peut éviter le truisme en affirmant qu’elle s’impose sans peine face à ces différentes exigences expressives ou techniques.


Enfin, dans le Divertimento (1939) de Bartok, l’Orchestre d’Auvergne a montré comment, tout au long de la saison, Clermont-Ferrand et sa région bénéficient d’une formation de qualité, menée par un directeur musical particulièrement inspiré. A la fois revigorante et limpide, leur interprétation est animée par un élan naturel qui rend tout particulièrement justice à l’esprit néoclassique, souvent léger, quasi mozartien, qui préside à ces pages, sans pour autant sous-estimer la menace qui plane notamment dans le Molto adagio central.


Le site de Suzanne Giraud



Simon Corley

 

 

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