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La Périchole à Favart Paris
Opéra comique
01/27/2007 - et 28, 30, 31 janvier, 1er, 2, 3*, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28 février, 1er, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 25 mars 2007
Jacques Offenbach : La Périchole (adaptation Gérard Daguerre)
Marc Laho*/Martial Defontaine (Piquillo), Patrick Rocca (Don Leon de Ribeira), Frédéric Longbois (Miguel de Panatellas), Denis Brandon (Don Pedro de Hinoyosa), Olivier Podesta (Premier notaire), Michel Dussarrat/Laurent Delvert* (Second notaire), Michel Dussarrat*/Olivier Podesta (Tarapote, Offenbach, le vieux prisonnier), Guy Vivès (Le geôlier), Marie-Stéphane Bernard/Sophie Haudebourg* (La Périchole), Sabine Jeangeorges (Guadalena), Nina Savary/Mona Heftre (Berginella), Ariane Pirie (Mastrilla), Marion Baglan (Manuelita), Ariane-Olympe Girard (Frasquinella), Marianne Estève (Brambilla), Vanessa Hidden (Ninetta)
Olivier Podesta (chef de chœur), Gérard Daguerre/Samuel Jean* (direction musicale)
Jérôme Savary (mise en scène et décors), Michel Dussarrat (costumes), Alain Poisson (lumières), Léonidas Strapatsakis (collaboration artistique), Friederike Betz (chorégraphie), Nadège Maruta (chorégraphie can-can)
Pour sa dernière saison à la tête de l’Opéra comique, Jérôme Savary s’offre un retour aux sources avec cinquante représentations de La Périchole (1868/1874) d’Offenbach, la première œuvre lyrique qu’il ait montée, à laquelle il est ensuite souvent revenu, tant en France qu’à l’étranger. Le fondateur du Grand magic circus voit dans cet opéra bouffe une parabole sur l’artiste et le pouvoir, la liberté et la force du personnage principal lui suggérant par ailleurs un rapprochement avec Carmen, dont la musique sert d’intermède entre les deuxième et troisième actes.
Comme à son habitude, il a adapté la pièce et, sans la moindre tromperie sur la marchandise, c’est un «spectacle musical de Jérôme Savary et Gérard Daguerre d’après Jacques Offenbach, Henri Meilhac et Ludovic Halévy» qui est présenté au public. S’il situe toujours l’action dans un Pérou d’opérette, encore que les premier et dernier tableaux évoquent un bidonville, le livret fait l’objet d’une transposition: le vice-roi devient ainsi Don Leon (le fidèle Patrick Rocca), Presidente caudillo à la caricaturale moustache (hitlérienne ou chaplinesque), qui aboie comme il se doit quelques interjections en allemand. Le reste est à l’avenant, tiré vers la farce plus que vers la mélancolie, avec, bien entendu, les figures obligées de Savary – du music-hall et de la fesse, des calembours et du cancan: mais soit, puisque l’on est habitué à ce qu’anachronismes et clins d’œil à l’actualité soient de mise dans les mises en scène d’Offenbach.
Côté musique, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Savary affirme en effet avoir voulu faire, après une précédente «version "comédie musicale" avec un orchestre restreint et une sonorisation tonitruante […] une version "acoustique" plus proche d’Offenbach. L’esprit sera le même, le son sera différent, servi par de vrais chanteurs lyriques, chanteurs et comédiens car Offenbach doit se jouer autant que se chanter». Mais le résultat est loin du compte: la sonorisation frappe par sa laideur, Gérard Daguerre défigure la partition entre zim-boum-boum et rythmes sud-américains, et, mis à part peut-être Sophie Haudebourg dans le rôle-titre (même si elle surjoue son ivresse), le chant est aux abonnés absents.
Bref, il ne reste pas grand-chose d’Offenbach, de Meilhac ou de Halévy, sinon un certain sens de la fête – cotillons et confetti – dans ce grand show délirant et multicolore de deux heures vingt, avec ses trucages et ses accessoires spectaculaires. On ne peut en vouloir à Savary de persister à défendre crânement sa conception de «théâtre musical populaire», mais l’on se demande quand même trop souvent où est le théâtre et où est la musique. Il reste donc à espérer qu’avec son successeur, Jérôme Deschamps, qui s’est déjà intéressé à Offenbach dans le passé, la Salle Favart donnera du compositeur une image plus exacte et subtile mais non moins divertissante, celle que Marc Minkowski ou Jean-Christophe Keck ont remise à l’honneur ces dernières années.
Simon Corley
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