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La génération romantique Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 02/01/2007 - 3 (Gent), 5 (Regensburg), 6 (Nürnberg), 7 (Würzburg), 8 (Mannheim), 9 (Frankfurt), 11 (Stuttgart) et 13 (Essen) février 2007 Felix Mendelssohn-Bartholdy : Ein Sommernachtstraum : Ouverture, opus 21, Nocturne & Scherzo, opus 61 – Concerto pour piano et orchestre n°2, opus 40
Robert Schumann : Konzertstück, pour quatre cors et orchestre, opus 86 – Symphonie n°3 "Rhénane", opus 97
Severin von Eckardstein (piano), Philip Eastop, Koen Cools, Morris Powell, Koen Thijs (cor)
deFilharmonie, Philippe Herreweghe (direction)
La venue à Bruxelles en novembre dernier de l’orchestre deFilharmonie n’avait pas attiré un public nombreux (voir ici). Se concentrant sur deux des quatre compositeurs de la "Génération 1810", Felix Mendelssohn et Robert Schumann, le programme de son dernier concert a permis, cette fois-ci, de remplir massivement la Salle Henry Le Bœuf.
On ne compte plus les concerts débutant par la célèbre et surjouée Ouverture du Songe d’une nuit d’été. Le plaisir était néanmoins au rendez-vous : vive, mais sans précipitation, l’interprétation évocatrice de l’orchestre, dirigé par son directeur musical Philippe Herreweghe, révèle la finesse de l’instrumentation de cette page écrite par un Mendelssohn âgé de… dix-sept ans ! Cette belle entrée en matière suscite l’envie d’entendre toute la musique de scène mais le public n’aura droit qu’au Nocturne et au Scherzo. Le Second concerto pour piano convient bien au tempérament romantique de Severin von Eckardstein, Premier Prix de la session 2003 du Concours Reine Elisabeth. Avec un jeu pudique, d’une belle fluidité et sans dureté, le pianiste allemand défend excellemment cette oeuvre trop vite cataloguée de légère, démonstrative et négligeable. Aux côtés d’un orchestre offrant quelques beaux moments d’émotion, en particulier dans l’Andante, Severin von Eckardstein ne tombe pas dans le piège en jouant ce concerto comme s’il n’était que simplement joli.
Si le sacro-saint et traditionnel triptyque ouverture/concerto/symphonie a encore des beaux jours devant lui, le programme de ce concert a joué la carte de l’originalité en insérant généreusement une partition rare d’un compositeur célèbre avant la symphonie. L’une des « meilleures choses » de Schumann, le Konzertstück, pour quatre cors et orchestre a été composé en 1849 pour mettre en valeur les améliorations du cor chromatique à trois pistons. Cette page imaginative et d’une grande fraîcheur d’inspiration, tant au niveau des parties solistes que de l’accompagnement, exige un quatuor de cors autant virtuose qu’homogène. C’est ce que nous avons avec Philip Eastop, Koen Cools, Morris Powell et Koen Thijs (les trois derniers étant membres de l’orchestre) qui rivalisent de dextérité tout en faisant preuve d’une indéniable cohésion.
Les cuivres jouent un rôle important dans la Troisième Symphonie (en réalité la deuxième composée) de Schumann. Aussi, la coupler avec le Konzertstück, dont la Romance préfigure le quatrième mouvement de la Rhénane, est très pertinent. Si la mise en place n’est pas toujours irréprochable, cette interprétation, d’une grande force intérieure, confirme que Philippe Herreweghe a des choses à dire dans le répertoire germanique du XIXème siècle. Elle démontre également que l’orchestration de Schumann ne paraît épaisse et opaque que si elle est défendue sans soucis de transparence et d’équilibre, ce qui est loin d’être le cas du chef gantois.
Sébastien Foucart
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