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Nouvelles des antipodes Paris Théâtre des Champs-Elysées 01/30/2007 - Brett Dean : Amphitheatre
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon n° 1,opus 77/99
Igor Stravinski : Le Sacre du printemps
Sarah Chang (violon)
Melbourne symphony orchestra, Oleg Caetani (direction)
Fondé en 1906, l’Orchestre symphonique de Melbourne (MSO) fête la saison de son centenaire par une tournée européenne, la seconde de son histoire: la précédente, en 2000, ne lui avait pas permis de passer par la France et il y avait donc lieu de se réjouir que celle-ci, après l’Espagne et avant l’Allemagne puis l’Italie, offre l’occasion au public parisien de se faire une idée plus précise de la vie musicale d’un pays dont l’éloignement géographique et culturel est propice aux clichés: Aborigènes, descendants mal dégrossis de bagnards britanniques, kangourous et surf.
Car le MSO a exactement le même âge que son homologue londonien, témoignant de l’ancienneté et de l’intensité de la pratique musicale dans ce continent peuplé de seulement vingt millions d’habitants. Une immigration continue, venue d’abord du Royaume Uni puis du monde entier, et la prise de conscience de la proximité avec l’Asie ont ainsi contribué à bâtir une société et une culture originales, qu’illustrent bon nombre de compositeurs (Williamson, Sculthorpe, Meale, Conyngham…), d’artistes (Mackerras, Melba, Minton, Sutherland, Woodward…) et d’orchestres symphoniques (Sydney, Adelaide, Tasmanie, Australie occidentale, Queensland).
L’Australie compte même des musiciens du rang parmi les formations les plus prestigieuses: altiste du Philharmonique de Berlin de 1985 à 2000, Brett Dean (né en 1961) se consacre désormais à la composition. Amphitheatre (2000), «scène pour grand orchestre» inspirée par la description d’un ancien amphithéâtre tirée d’un roman de Michael Ende, constitue le lever de rideau pour une formation en tournée: huit minutes de musique moderne-mais-pas-trop, la réapparition d’un thème simple et lancinant fondé sur deux accords, une structure immédiatement perceptible (une arche en forme de crescendo puis diminuendo).
De façon assez surprenante, la présence de Sarah Chang à l’affiche n’a pas suffi à remplir la salle, tant s’en faut. La violoniste américaine démontre en tout cas dans le Premier concerto (1948) de Chostakovitch qu’elle conserve tous ses moyens: si la puissance n’est pas son atout principal, elle tire parti de cette relative fragilité et de sa sonorité chaleureuse pour construire une interprétation qui met moins en valeur l’ironie, la laideur, la profondeur et le désespoir de l’œuvre que son message humaniste et son statut de grand classique du répertoire.
Oleg Caetani, chef permanent et directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Melbourne, depuis janvier 2005, est, comme son nom ne l’indique pas, le fils d’Igor Markevitch. Parenté redoutable, de celles qui ont rendu un Carlos Kleiber si fragile, quand on aborde Le Sacre du printemps (1913) de Stravinski, qui plus est dans le lieu même où il fut créé. La déception est donc grande à l’audition de ce Sacre plus précautionneux qu’électrisant, plus débonnaire qu’oppressant, manquant de tension, de magie et de mystère. Cela étant, la revue de détail de l’orchestre se révèle globalement satisfaisante, sans toutefois soulever l’enthousiasme.
Les deux bis font se succéder une rareté et un tube: l’orchestration par Chostakovitch (1940) de la polka rapide Train de plaisir (1864) de Johann Strauss, dont il est autorisé de préférer l’original, puis la Danse russe (Trepak) extraite de Casse-noisette (1892) de Tchaïkovski.
Le site de l’Orchestre symphonique de Melbourne
Simon Corley
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