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De Mozart à Wagner, un week-end à Bonn

Bonn
Opéra
01/28/2007 -  
Richard Wagner: L’Or du Rhin et La Walkyrie

Johann Kresnik (chorégraphie), Gottfried Helnwein (décors et costumes), Gernot Schedlberger (musique), Christoph Klimke (livret et dramaturgie), Jo Schramm (vidéo)


L’Opéra de Bonn propose un spectacle Wagner, mais à la veille de la soirée consacrée à la chorégraphie de l’Autrichien Johann Kresnik sur L’Or du Rhin et La Walkyrie, les Nozze di Figaro offrent une splendide surprise. L’Orchestre Beethoven de Bonn, sous la direction d’Erich Wächter, a démarré l’ouverture avec une énergie et une fluidité remarquables et la soirée s’est poursuivie dans le même esprit. La mise en scène, d’une intelligence rare, de Klaus Weise, utilisant la scène tournante pour nous faire voyager des coulisses vers l’action et terminant de même en coulisse avec les femmes de ménage balayant l’espace, et les costumes de Fred Fenner, dont une minijupe large et sexy pour Susanna (Anna Virovlansky, une Israélienne qui possède la voix qu’il faut pour ce rôle) qui fait comprendre pourquoi le comte tient tant à son droit de cuissage, contribuent à une parfaite réussite: cet opéra de Mozart dont on craint toujours d’être blasé a encore de quoi réjouir.


La soirée suivante fut passionnante et violente, brutale même, autour du Ring, associant Wotan et les autres à Wagner lui-même et à Louis II de Bavière (habillé du costume royal pour le haut et tout nu pour le bas, le sexe y compris). Il n’était pas le seul danseur impudique sur scène, Siegmund et Sieglinde, incarnés tous les deux par des hommes, l’étaient aussi. Belle idée d’ailleurs que d’associer l’inceste, un interdit biblique et social, à l’homosexualité, pour indiquer une transgression, encore biblique. En revanche, les filles du Rhin, dans l’une des plus belles scènes du spectacle, avaient leur sexe caché: Kresnik précise qu’elles ont tout simplement refusé de danser nues.


Deux idées majeures : le Walhalla comme clinique psychiatrique et la participation de Nietzsche, d’Adenauer et de tous ceux qui accourent à Bayreuth tous les étés ainsi que de toutes les femmes de Wagner de Minna à Cosima. On peut contester l’antiaméricanisme dans lequel baigne le propos, qui oublie que l’Allemagne (et toute l’Europe) serait restée nazie ou bien aurait été soviétisée sans les Américains. De même, l’association de la fabrication de l’anneau dans des fours avec la condamnation de l’antisémitisme, en transformant ces fours en fours crématoires, est discutable.


Mais une heure quarante sans une seconde d’ennui est une grande réussite pour un spectacle de danse. La musique, soit enregistrée soit jouée par deux pianistes, est étonnante. Le rythme est celui des leitmotive wagnériens, mais pas la hauteur des notes. Un effet saisissant. Sortir d’une soirée pareille directement sur les quais du Rhin n’est possible qu’à Bonn où l’Opéra, avec ses trois terrasses, est à quelques mètres du fleuve. On s’arrête et on se demande si les filles du Rhin vont émerger de l’eau et on regrette un peu qu’elles ne le fassent pas.


Vivement la saison prochaine, pour la seconde partie, avec Siegfried et Le Crépuscule des Dieux!


Le site de l’Opéra de Bonn



Benjamin Duvshani

 

 

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