About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un autre Offenbach

Paris
Théâtre du Châtelet
12/29/2006 -  28 décembre 2006 (La Rochelle)
Jacques Offenbach : Ouverture d’«Orphée aux enfers» – Grand concerto pour violoncelle «Concerto militaire» – Ouverture, ballet et grande valse des «Rheinnixen» – Ballet des flocons de neige du «Voyage dans la lune»

Jérôme Pernoo (violoncelle)
Les Musiciens du Louvre – Grenoble, Marc Minkowski (direction)


Pas de fêtes de fin d’année sans Offenbach, mais Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre-Grenoble, qui fêteront leur vingt-cinq ans en 2007, font preuve d’originalité en mettant en lumière le versant «romantique» plutôt que le côté «bouffe» du compositeur: féeries, concerto, «grand opéra» allemand, ce concert, illustré par les notes de programme on ne peut plus autorisées de Jean-Christophe Keck, reprenait l’intégralité du disque qu’ils viennent de lui consacrer chez Archiv et avait en même temps une portée quasi militante, visant à montrer que le compositeur a été injustement réduit au cancan et aux flonflons. Peut-être dérouté par cette perspective, le public n’avait d’ailleurs pas rempli le Théâtre du Châtelet.


Pour l’Ouverture d’Orphée aux enfers, c’est la version «opéra féerie» de 1874 qui a été retenue: avec la transparence d’une formation allégée (trente-sept cordes) et la baguette énergique de Minkowski, cet Offenbach «romantique» ne sera certes pas «romantisant», mais au prix de sonorités crues, d’imprécisions et d’une raideur excessive.


Ce caractère martial mène tout droit au Grand concerto pour violoncelle «Concerto militaire» (1847), dans sa version établie par Jean-Christophe Keck, dont Minkowski avait assisté en avril 2004 à la création aux Concerts Pasdeloup sous l’archet de Xavier Phillips (voir ici). Sans surenchère, avec classe, élégance et conviction, Jérôme Pernoo défend (par cœur) une partition dont l’Allegro maestoso, avec ses travers paganiniens – non point tant une virtuosité échevelée faisant trop souvent couiner le violoncelle dans l’aigu qu’une orchestration sommaire et une construction peu cohérente – est largement racheté par un sublime Andante, où s’exprime le lyrisme d’un maître de la scène, et par un Allegretto divertissant, de caractère plus nettement militaire, toutefois interrompu par un long et poignant épisode en mineur. Un véritable régal, animé par un dialogue concertant qui fonctionne parfaitement, comme dans une scène d’opéra dont les personnages seraient le soliste et l’orchestre. Auteur de la cadence finale (avec tambour et timbales obligés), le violoncelliste français choisit un bis en contraste radical, la Sarabande de la Deuxième suite de Bach.


La seconde partie était dédiée à des extraits symphoniques d’opéras, d’abord tirés des Fées du Rhin (1864): après le romantisme à la Paganini, tous les ingrédients du romantisme allemand, sa forêt et ses elfes. Bien que l’œuvre n’ait été recréée qu’en 2002 à Montpellier, on se trouve ici en terrain relativement familier: une Ouverture qui constitue un défi à la géographie – puisque son thème principal n’est autre que celui de la Barcarolle vénitienne des Contes d’Hoffmann –, un Ballet provenant d’une pantomime antérieure (Le Papillon) et une Grande valse dont Rosenthal fera son miel dans Offenbachiana, mais où Minkowski ne fait hélas pas dans la dentelle.


Le charme et la légèreté, à défaut de la souplesse, reprennent leurs droits dans le Ballet des flocons de neige du Voyage dans la lune (1875), féerie d’après Jules Verne, où l’une des musiciennes issue des rangs des seconds violons démontre une remarquable maîtrise de l’éoliphone.


Deux bis viennent généreusement conclure cette soirée. Die Mozartisten (1842), une valse de Joseph Lanner sur des thèmes de La Flûte enchantée et de Don Giovanni, qui, bien que donnée au concert du Nouvel An 2006, offre une manière assez élégante d’adresser une pirouette à cette «année Mozart» qui s’achève – élégante dans son principe, car la musique dérape parfois fâcheusement, comme ce trombone solo qui entonne «La ci darem la mano» ou cette Ouverture de La Flûte adaptée à trois temps. Offenbach a toutefois le dernier mot, avec La Fille du tambour-major (1879), l’un de ses ultimes opéras comiques, dont l’Ouverture offre deux solos de violoncelle que Jérôme Pernoo viendra lui-même assurer, entrant successivement côté jardin puis côté cour pour s’installer à la place du quatrième cor puis de l’ophicléide.


Le site des Musiciens du Louvre Grenoble



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com