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Brigands de poche

Paris
Athénée – Théâtre Louis-Jouvet
12/26/2006 -  et 14, 17, 19, 22 août (Montreuil-sur-Mer), 27, 28, 29, 30, 31 décembre 2006, 2 janvier (Paris), 9 (Bar-le-Duc), 13 (Paris) mai 2007
Louis Beydts : La S.A.D.M.P. (société anonyme à responsabilité limitée) [adaptation Takénori Némoto]
Claude Terrasse : Chonchette [adaptation Christophe Grapperon]

Emmanuelle Goizé (Elle/Chonchette), Gilles Bugeaud (Le grand industriel/Saint-Guillaume), Christophe Crapez (Paul Renaudier/Le baron), Christophe Grapperon (Le comte Agénor/Le vicomte), Jean-Gabriel Saint-Martin (Henri Morin/Charles)
François Miquel (clarinette), Takénori Némoto (cor), Pablo Schatzman (violon), Jérôme Huille (violoncelle), Nicolas Ducloux (piano et direction musicale)
Loïc Boissier (mise en scène), Florence Evrard (scénographie), Elisabeth de Sauverzac (costumes), Philippe Lacombe (lumières)


Ainsi que l’habitude en est désormais bien prise, après Barbe Bleue et le Docteur Ox d’Offenbach (voir ici), puis Ta bouche de Maurice Yvain (voir ici) et Toi c’est moi de Moïse Simons (voir ici), la compagnie Les Brigands a investi le Théâtre de l’Athénée pour les fêtes de fin d’année.


Ses ambitions se sont toutefois singulièrement réduites par rapport aux saisons passées – cinq chanteurs (parmi les plus fidèles de la compagnie), cinq musiciens (clarinette, cor, violon, violoncelle et piano), huit représentations seulement, scénographie (toujours confiée à Florence Evrard) minimaliste – mais Les Brigands se sont d’ores et déjà attelés à un projet d’une toute autre envergure, car on pourra les découvrir à nouveau du 21 février au 4 mars à l’Athénée dans… Les Brigands, un véritable retour aux sources, un retour à Offenbach et à l’opéra bouffe qui leur a donné son nom. En attendant, ils ont fouillé comme de coutume dans les tiroirs du répertoire léger pour y dénicher cette fois-ci deux opéras bouffes en un acte, durant chacun exactement trois quarts d’heure, nés de la plume de deux des plus fins spécialistes du genre et illustrant deux âges d’or de l’opérette française.


Fonds de tiroir? On ne le dira pas nécessairement de La S.A.D.M.P. (société anonyme à responsabilité limitée), qui, bien que déjà présentée à la Péniche Opéra en 1997, permet de remettre au goût du jour Louis Beydts (1895-1953). Le compositeur, dont la plus connue des cinq contributions à la scène est sans doute la première, Moineau (1931), mérite en effet de sortir de l’oubli. Près de vingt ans avant d’écrire la musique des films Le Comédien (1948) et Deburau (1951), quelques mois avant la légende Le Voyage de Tchong-Li (1932), il inaugurait une fructueuse relation de travail avec Sacha Guitry par cette S.A.D.M.P., au raffinement harmonique parfois inattendu: «Société anonyme des messieurs prudents», mais aussi, comme le suggère le programme, «Société des admirateurs de Madame Printemps», qui créa la pièce avec son mari – sept mois avant leur séparation – le 3 novembre 1931 au Théâtre de la Madeleine.


Auteur prolifique, souvent cité pour sa collaboration avec Alfred Jarry pour le cycle d’Ubu, Claude Terrasse (1867-1923) connaîtrait-il actuellement un retour en grâce? Sans remonter à 1997, où la Péniche Opéra avait produit La Botte secrète (1903), le festival «Les Malins plaisirs» de Montreuil-sur-Mer, qui travaille régulièrement avec Les Brigands, a ainsi exhumé La Fiancée du scaphandrier (1902) en 2003 (voir ici). En outre, l’Opéra de Rennes présente en ce moment même Les Travaux d’Hercule (1901). Un an plus tard – et un an avant son œuvre restée sans doute la plus célèbre, Le Sire de Vergy (1903) – le compositeur retrouvait le duo formé par Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet pour Chonchette, créé le 11 avril 1902 au Théâtre des Capucines. A la différence de celui de Beydts, que l’on aurait pu qualifier, dans un autre contexte, de durchkomponiert, cet opéra bouffe comprend des dialogues parlés qui cassent le rythme d’une action déjà passablement poussive et, pour tout dire, cucul la praline. Côté musique, la valse reprend ses droits, avec une délicatesse digne de Messager et héritée de Massenet, auquel le livret fait d’ailleurs allusion.


Loïc Boissier, l’administrateur de la compagnie, a remplacé Stéphan Druet à la mise en scène. Il a tenté, non sans astuce, d’établir un lien entre les deux parties du spectacle. Toutefois, la minceur des arguments, particulièrement celui concocté par de Flers et Caillavet, ne l’avantage pas, mais certains ensembles – celui de la bagarre dans La S.A.D.M.P. ou celui des esprits dans Chonchette – demeurent irrésistibles. Les costumes d’Elisabeth de Sauverzac, déclinant tous les tons du jaune pour ces messieurs, du maillot de corps à la veste de chasse, sont aussi appropriés qu’à l’accoutumée.


Pour ce qui est des arrangements, Thibault Perrine a laissé la place, dans Beydts, au corniste et compositeur Takénori Némoto et, dans Terrasse, au baryton Christophe Grapperon (qui, dans une autre vie, est par ailleurs chef d’orchestre et chef de chœur): sous la direction du pianiste Nicolas Ducloux, le petit effectif, placé au pied du plateau, évoque inévitablement la musique de salon. Au moins, il peut difficilement couvrir les chanteurs, qui paraissent plus assurés dans Chonchette que dans La S.A.D.M.P.. Le baryton Jean-Gabriel Saint-Martin, en jeune (vingt-six ans) premier de charme, s’illustre cependant tout particulièrement.


Non, décidément, après cette diète inadaptée à la période des réveillons, après la déception de ce Chéri, j’ai rétréci Les Brigands, vivement Les Brigands «grand format» d’ici deux mois!



Simon Corley

 

 

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