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La Veuve victime de l’hiver Lausanne Opéra 12/22/2006 - et 23, 27, 29, 30, 31 décembre 2006 Franz Lehár: La Veuve joyeuse Noëmi Nadelmann (Missia Palmieri), Brigitte Hool (Nadia, Baronne Popoff), Jean-François Lapointe (Le Prince Danilo), Jérôme Savary (Le Baron Popoff), Marc Laho (Le Comte Camille de Coutançon), Frédéric Longbois (Figg), Olivier Podestà (D'Estillac), Humberto Ayerbe-Pino (Lérida), Sylvain Muster (Kromski), Jean-Pierre Gos (Bogdanovitch), Florent Blaser (Pritschitch)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Cyril Diederich (direction musicale)
Jérôme Savary, assisté de Frédérique Lombart (mise en scène), Ezio Toffolutti, (décors), Michel Dussarrat (costumes), Nadège Maruta (chorégraphie), Alain Poisson (lumières)
Jérôme Savary, on l’adore ou on le déteste, il en fait trop ou pas assez, en tout cas il ne laisse personne indifférent, n’hésitant jamais à apporter une touche très personnelle aux spectacles qu’il met en scène, les adaptant au goût du jour et les truffant de calembours. Sa Veuve joyeuse dans la version française de Robert de Flers et Gaston de Caillavet, en provenance de l’Opéra-Comique, n’échappe pas à la règle. L’histoire est transposée à la grande époque de Hollywood, celle du film de Lubitsch, dans de magnifiques décors signés Ezio Toffolutti. Et la Principauté de Marsovie devient un régime dictatorial, dirigé par un président à vie corrompu. Tout concourt à un spectacle de fêtes dans la meilleure des traditions: les magnifiques costumes de Michel Dussarrat sont un régal pour les yeux, les valses, le cancan, les danseurs et les acrobates impriment rythme et vitalité au spectacle, sans oublier les jeux de mots et les innombrables clins d’œil (Chaillot, le canapé de Dali, Mme de Fontenay et on en passe!) qui dérident les spectateurs.
Car on rit et on s’amuse beaucoup, il n’y pas à dire, la production est bien enlevée, un vrai travail de professionnel. Mais pourquoi alors l’ennui finit-il par s’installer malgré tout? Il faut bien le reconnaître, une fois les premiers gags passés, les ressorts sur lesquels s’appuient le spectacle semblent téléphonés et les dialogues sont terriblement longs, pas toujours des plus fins, reléguant souvent la musique au second plan. Comble de malchance, Jérôme Savary, en ambassadeur maître de cérémonie, ne semble pas aussi en verve que d’habitude, peut-être n’est-il tout simplement pas en forme, comme le laissent supposer ses fréquentes quintes de toux. Une toux qui afflige aussi malheureusement Noëmi Nadelmann. La soprano suisse, célébrée dans le monde entier, fait une de ses très rares incursions dans la partie francophone du pays. Dommage donc qu’elle n’ait pas pu donner la pleine mesure de son talent, même si la chanson de Vilja a été le grand moment de la soirée. On espère, comme le dit d’ailleurs un des personnages du spectacle, que les célèbres bonbons aux herbes Ricola (une véritable institution en Suisse) calmeront les gosiers malades pour les prochaines représentations!
Claudio Poloni
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