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Tour d’ivoire

Paris
Salle Pleyel
12/22/2006 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4, opus 58
Bedrich Smetana : Má Vlast

François-Frédéric Guy (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Philippe Jordan (direction)


Entre deux représentations du Chevalier à la rose à l’Opéra Bastille (voir ici), Philippe Jordan, trois ans après un concert quelque peu déroutant (voir ici), était de nouveau placé à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France. S’il n’offrait pas les œuvres légères et divertissantes qui sont souvent de mise en cette saison, le programme n’en était pas moins festif et copieux. En effet, que ce soit en ouverture, chaque année, du Printemps de Prague, ou lors de ses deux précédentes apparitions à Paris, sous la direction de Colin Davis (mars 2001) puis de Jiri Belohlavek (février 2006), l’intégralité du cycle Ma Patrie de Smetana se suffit en principe à elle-même. Dès lors, l’adjonction du Quatrième concerto (1806) de Beethoven constituait une véritable aubaine: le public l’a d’autant moins boudée que c’est notamment dans Beethoven, plus précisément avec un enregistrement de la Hammerklavier paru chez Harmonia mundi, que François-Frédéric Guy s’est fait connaître voici une dizaine d’années.


Réfléchie et limpide, fine et équilibrée, son interprétation laisse toutefois une impression mitigée: comme s’il s’était bâti une tour avec l’ivoire de son clavier, il considère la partition avec une hauteur et une distance qui confinent à la neutralité. En outre, cette réserve ne trouve pas son pendant dans l’accompagnement, volontiers carré, aux accents bien marqués, mais qui n’empêche pas pour autant de trop nombreux décalages. François-Frédéric Guy reste en sol et avec Beethoven pour son bis, choisissant de manière surprenante l’Andante de la Dix-neuvième sonate (1798): familières des apprentis pianistes, ces pages trouvent ici une traduction étonnamment subjective et personnelle, aux tempi particulièrement élastiques.


Lorsque la cérémonie chargée de symboles qu’est Ma Patrie (1874-1879) n’est pas célébrée par des Tchèques, toutes les inquiétudes sont permises: Colin Davis avait ainsi déçu par un manque d’implication dans son office (voir ici). Philippe Jordan, quant à lui, développe une conception sans doute trop germanique pour pouvoir être qualifiée d’idiomatique, mais il s’investit pleinement dans ces six poèmes symphoniques. Agé de trente-deux ans, le «principal chef invité» du Staatsoper de Berlin confirme qu’il possède un style antinomique de celui son père Armin, disparu voici trois mois, car autant celui-ci faisait preuve de calme, de fluidité, de souplesse et parfois aussi de laxisme, autant son fils se démène sur le podium, soigne les détails, prend son temps et contrôle tous les paramètres: un solide métier, mais en même temps une certaine raideur, contrariant une générosité indéniable, qu’exprime une gestuelle extravertie mais ne parvenant pas toujours à assurer l’exactitude des départs. Le chef suisse se révèle à son meilleur dans les pages dramatiques, lorsqu’il faut narrer une histoire ou planter un décor: en témoignent aussi bien Sarka, enrichi d’excellents soli du clarinettiste Jérôme Voisin, que Tabor, idéalement tendu et éloquent. Dans ces moments-là, l’orchestre retrouve cohésion et précision, mais aussi des couleurs puissamment évocatrices.


Armin Jordan aurait dû succéder à son fils, le 12 janvier prochain à Pleyel, pour le premier concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France de l’année 2007: on sait désormais c’est un compatriote, Mathias Bamert, qui le remplacera.


Le site de François-Frédéric Guy



Simon Corley

 

 

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