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Les extases de Benjamin

Paris
Opéra Bastille
12/19/2006 -  
Alexandre Scriabine : Poème de l’extase, opus 54
George Benjamin : Dance figures – Palimpsests
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé (Seconde suite)

Orchestre de l’Opéra national de Paris, George Benjamin (direction)


La saison parisienne semble placée sous le signe de l’Entente cordiale: en attendant la prochaine édition du Festival «Présences», consacrée à Thomas Adès, le Festival d’automne et l’Opéra national de Paris ont ainsi rendu un hommage en trois temps à George Benjamin. Après la création de son conte lyrique Into the Little Hill (voir ici) et un concert avec l’Ensemble Modern (voir ici), le compositeur britannique était placé à la tête de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris dans un programme associant à ses deux plus récentes créations orchestrales deux partitions de référence, cultivant extases et paroxysmes.


La perspective de retrouver le Poème de l’extase (1907) de Scriabine aurait dû suffire à remplir la salle, car une telle occasion ne s’était pas présentée dans la capitale depuis octobre 2002: Christoph Eschenbach dirigeait alors l’Orchestre de Paris (voir ici) dans la désastreuse acoustique de Mogador. Depuis le parterre de l’Opéra Bastille, les choses ne paraissent guère meilleures: les tutti saturent, sans pour autant susciter d’impact physique, et les différents plans sonores ne ressortent pas toujours clairement. Au prix d’une certaine fragmentation d’un discours au demeurant déjà fort versatile de nature, Benjamin s’attache à accentuer les contrastes entre atmosphères capiteuses, plus statiques qu’extatiques, et pages animées.


Destinées à un effectif relativement plus réduit, les neuf Dance figures (2004) n’introduisent pas de rupture stylistique majeure: la forme webernienne se joint à la luxuriance scriabinienne, sous le haut patronage du Sacre et de Jeux. Benjamin confirme ici qu’il est un orchestrateur hors pair, et ce qui, dans ce quart d’heure de musique, serait sans doute vain narcissisme chez d’autres que lui convainc par une concision et une exigence exemplaires.


En seconde partie, les deux Palimpsests (2002) font appel à une formation étrangement «défective», sans hautbois, ni bassons (à l’exception d’un contrebasson) ni violoncelles, les violons et les altos étant en outre limités respectivement à cinq et trois exécutants. Plus denses et moins épigonales, même si leur propos à la fois brut et expressif évoquer Varèse ou Berg, ces dix-huit minutes se rattachent au meilleur de la production de Benjamin.


En conclusion, la Seconde suite de Daphnis et Chloé (1912) de Ravel, si elle renvoyait par son objet aux Dance figures, avait bien plus à voir, par son interprétation, avec le Poème de l’extase. Comme en début de soirée dans l’œuvre de Scriabine, Benjamin oppose méticuleusement pages indolentes, voire lascives, et passages rythmés, même si l’on peut sans doute concevoir une Danse générale plus frénétique.



Simon Corley

 

 

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