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Noël florissant Paris Théâtre de Poissy 12/17/2006 - et 7 (Cherbourg), 9 (Brugge), 12 (Paris), 15 (London), 19 (Bourges) décembre 2006 Johann Sebastian Bach : Weihnachtsoratorium, BWV 248
Marie Arnet (soprano), Tim Mead (contre-ténor), Nicholas Watts, Marcel Beekman (ténors), Markus Werba (baryton)
Les Arts florissants, William Christie (direction)
Depuis près de trente ans, William Christie et son ensemble ont arpenté et même défriché bon nombre de terres baroques, mais leur itinéraire a rarement traversé le continent Bach: dès lors, bien que le choix de l’Oratorio de Noël (1734), présenté à six reprises au cours d’une tournée européenne, ne puisse être qualifié d’original en cette période de l’année, la prestation des Arts florissants était attendue non sans impatience.
De fait, au regard d’autres «pionniers» du baroque (Harnoncourt, Leonhardt, Herreweghe, Kuijken ou même Gardiner),Christie s’est moins systématiquement investi dans l’œuvre du Cantor de Leipzig. Mais ce relatif éloignement n’est sans doute pas étranger à une vision raffinée et équilibrée, plus suave et élégante qu’austère ou recueillie, qui traduit l’influence, pas nécessairement incongrue ou déplacée, des autres répertoires qu’il a fréquentés, particulièrement de l’esthétique française. Ce qui réjouit avant tout, c’est la façon mesurée dont sont appliquées ici les règles de la grammaire baroque, loin de tout zèle caricatural: les tempi sont vifs sans confiner à la précipitation, les couleurs fruitées sans être acides et les attaques précises mais sans sècheresse, tandis que le soin conféré à l’articulation ne verse pas dans la raideur.
Cette souplesse doit beaucoup à un orchestre qui demeure une référence parmi les formations jouant sur instruments anciens, dont peu sont en effet à même de dispenser une sonorité aussi moelleuse. Hormis quelques réserves sur l’intonation du premier violon, Nadja Zwiener, tous les pupitres sont à la fête, notamment les trompettes naturelles qui, Jean-François Madeuf en tête, négocient leur redoutable partie avec un minimum d’accidents.
Le côté vocal n’est pas en reste: un chœur transparent et aérien et, avec Nicholas Watts, Evangéliste qui possède la clarté et la tessiture requises par le rôle. Parmi le quatuor soliste, la puissance et l’assurance éclatantes de Markus Werba s’imposent, mais il a tendance à s’extérioriser excessivement. Dans le duetto «Herr, dein Mitleid» de la Troisième cantate, Marie Arnet peine donc à lutter contre le baryton autrichien, mais le fameux air en écho de la Quatrième cantate permet heureusement à la soprano suédoise de mettre en valeur le velouté de son timbre ainsi que la qualité de sa ligne de chant. Dans chacune de ses interventions, le contre-ténor Tim Mead fait preuve d’une aisance, d’une justesse et d’une précision inébranlables, une prestation à laquelle on ne pourra reprocher que les défauts de ses qualités, à savoir une expression trop lisse qui se cantonne à sa propre perfection. La seule déception vient des ports de voix ainsi que du timbre parfois étrangement métallique et nasal de Marcel Beekman.
Le site des Arts florissants
Simon Corley
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