About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une mozartienne bientôt complète!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/15/2006 -  
Airs extraits d’opéras de Wolfgang Amadeus Mozart: La Clemenza di Tito, Le Nozze di Figaro, Cosi fan tutte
Luigi Boccherini : Symphonie n°4 “La Casa del Diavolo”, opus 12
Carl Philipp Emanuel Bach : Symphonie en fa majeur, W. 183/3

Magdalena Kozena (mezzo-soprano)
Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini (direction)

Pour terminer l’année Mozart en beauté, le Théâtre des Champs-Elysées a invité la mezzo Magdalena Kozena pour un récital entièrement consacré au compositeur autrichien. Ce concert fait écho à son dernier enregistrement (sous la baguette de Simon Rattle), qui regroupe quelques-uns des plus fameux airs de mezzo et de soprano de Mozart. En effet la soprano bénéficie d’un aigu facile qui lui permet de se détacher des rôles de mezzo pour tenter d’aborder ceux de soprano comme Fiordiligi ou Vitellia.



Magdalena Kozena chante de larges extraits de La Clemenza di Tito. Elle ouvre le concert avec “Non più di fiori” de Vitellia qui la met un peu mal à l’aise vocalement. Au niveau de l’interprétation, la chanteuse est très convaincante car elle fait évoluer le personnage d’un bout à l’autre de l’air: elle est apeurée, en colère mais surtout elle brûle les planches avec le tempérament de feu qu’elle insuffle à la jeune femme. Pour conclure le concert, elle change de héros et reprend Sesto avec nettement plus de conviction: la voix est franche, plus claire et plus assurée. Elle chante tout d’abord “Deh per questo” où il faut souligner la superbe reprise en mezza-voce. Là aussi son personnage s’échauffe pour presque rugir sur “disperato”. La musicienne essaie de jouer, d’ajouter des larmes dans la voix pour rendre son personnage plus crédible. Magdalena Kozena ne pouvait rendre hommage à Mozart sans chanter brillamment “Parto, parto”. Ses premières notes sont très vigoureuses et déterminées, ce qui contraste avec une suite plus tendre, plus douce. Les vocalises finales sont précises et éblouissantes et achèvent bien un air où la chanteuse avait insisté sur la terreur avec des notes presque effrayantes: les deux “guardami” font froid dans le dos tellement ils sont autoritaires et puissants.
Magdalena Kozena a beaucoup chanté Cherubino et l'on se souvient de sa très fine interprétation au festival d’Aix-en Provence en 2001 sous la direction de Marc Minkowski. Elle retrouve le personnage le temps d'un "Non so piu” électrisant tellement le tempo adopté est vif et impulsif: le jeune homme semble haletant, prêt à défaillir devant l’amour qui le submerge. La fin est saisissante: la voix prend des couleurs sombres, troublantes et le chef allonge les silences entre les mots de la dernière phrase. Mais la chanteuse commence à regarder du côté de Susanna et l’expérience est plutôt réussie. En effet elle aborde “Giunse alfin il momento” avec une certaine délicatesse et une sincérité remarquable. Dès les premiers mots, elle essaie de décrire le bonheur qui envahit la jeune mariée avec un immense sourire dans la voix. Contrairement aux airs plus vifs de Sesto ou autre, le personnage de Susanna, du moins dans ce passage, demande lenteur et calme, deux caractéristiques que Magdalena Kozena rend parfaitement dans les montées telles que “qui mormora il ruscel…”.
La mezzo tchèque fut une excellente Dorabella mais maintenant elle souhaite s’essayer à l’autre sœur, Fiodiligi avec “Per pietà”. Le résultat ne peut pas faire l’unanimité parce qu’il manque à son interprétation la délicatesse féminine, voire la mièvrerie, de Fiordiligi: on a un peu trop l’impression d’entendre encore Dorabella. La chanteuse ne manque toutefois pas d’enthousiasme car elle essaie de rendre vivant le récitatif avec des mots plus soulignés les uns que les autres. Tout est très beau mais cela ne suffit pas pour dessiner un personnage. La reprise de “per pietà” est superbe grâce au tempo très lent qui lui permet de distiller toutes les notes. La dernière phrase, avec l’aigu à la fin, dépasse un peu ses moyens mais Magdalena Kozena parvient à s’en sortir habilement. En revanche elle est idéale dans Despina, “In uomini”, qu’elle chante en guise de bis. Elle campe une fine Despina, espiègle mais pas trop, qui se montre dure et méprisante pour les hommes mais toujours avec distinction. Espérons qu’elle portera bientôt sur scène ce rôle car elle pourrait y être remarquable.


Giovanni Antonini fait preuve d’une grande énergie! Sa direction est très vive, un peu survoltée et finalement assez spectaculaire, dans le mauvais sens du terme. L’ouverture de Mitridate, qu’il joue au début du concert, est dirigée avec vigueur mais le chef ne propose pas vraiment une vision d’ensemble de l’œuvre. En complément de programme, l’orchestre joue la Quatrième symphonie “La Casa del Diavolo” de Boccherini. Cette pièce est un hommage à Gluck et plus principalement à la Danse des Furies d’Orphée et Eurydice. Le dernier mouvement, effectivement, est une citation presque littérale de cette page de Gluck mais avec quelques ajouts (une note par-ci par-là, une répétition, des accords supplémentaires…) qui ne font qu’alourdir la partition: tout cela finit par être redondant et… inutile. Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico jouent ensuite la Symphonie W. 183/3 de Carl Philipp Emanuel Bach avec aussi peu d’inspiration. Certes la partition n’est pas impérissable, mais le chef a tendance à trop hacher la ligne musicale et à ne pas structurer sa direction. En revanche, il se montre plus réservé quand il s’agit d’accompagner Magdalena Kozena: il privilégie la voix sur l’orchestre, surtout dans l’air de Susanna où les musiciens arrivent à se faire oublier.



C’est toujours un plaisir que d’entendre une interprète aussi fine, aussi musicale que Magdalena Kozena. En quelques notes elle parvient à créer une ambiance, à raconter une histoire avec une voix toujours aussi colorée, souple et riche. Fêtée dans le monde entier pour ses Mozart, elle aborde aujourd’hui de nouveaux rôles qui ne demandent qu’à être approfondis et qui laissent présager de beaux moments scéniques. Un bel hommage à Mozart!





A noter:
- Magdalena Kozena sera de nouveau au Théâtre des Champs-Elysées pour incarner Mélisande dans une nouvelle production d'André Engel dirigée par Bernard Haitink du 14 au 22 juin 2007, où elle sera magnifiquement entourée (Laurent Naouri, Marie-Nicole Lemieux, …).



Manon Ardouin

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com