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Ludique

Paris
Salle Pleyel
12/15/2006 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon, opus 61
Johannes Brahms : Quatuor avec piano n° 1, opus 25 (orchestration Arnold Schönberg)

Nemanja Radulovic (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


La capitale n’a décidément pas de chance avec Maxim Vengerov: attendu en mars dernier avec l’Orchestre de Paris dans le Premier concerto de Chostakovitch, il avait finalement opté pour le Concerto (1806) de Beethoven (voir ici), qu’il devait précisément interpréter à nouveau, cette fois-ci avec l’Orchestre philharmonique de Radio France. Mais, se déclarant «souffrant», il annonçait la veille qu’il était contraint d’y renoncer. Cela étant, la légende des musiciens abonde de ces remplacements marquant finalement la consécration de celui qui est venu sauver in extremis une soirée. Même si Nemanja Radulovic, avec son charisme, ses premiers prix aux concours Georges Enesco (2001) et de Hanovre (2003) ainsi que son titre de «révélation internationale» des Victoires de la musique 2005, est loin d’être un inconnu pour le public parisien, malgré son jeune âge (vingt et un ans), il n’en trouvait pas moins, dans une œuvre qu’il vient de présenter à cinq reprises en tournée avec l’Orchestre des Pays de Savoie, une brillante occasion de se mettre en avant, et ce devant son maître Patrice Fontanarosa ainsi que les auditeurs de France Musique et des stations de l’Union européenne de radiodiffusion sur lesquelles ce concert était retransmis en direct.


Pari difficile, toutefois, car le forfait de la star russe avait sans nul doute constitué une immense déception pour une grande partie des spectateurs. Mais pari gagné, si l’on en juge par la réaction de la salle à l’issue d’une prestation exubérante, parfois même tzigane, d’un concerto qui, créé voici exactement deux cents ans (13 décembre 1806), retrouvait ici ce caractère radieux et dépourvu du moindre nuage, si rare sous la plume de Beethoven. Fantasque et démonstratif, le violoniste français (d’origine serbe) opte pour une approche rhapsodique, décorative et séductrice, avec ses clins d’œil en forme de coups d’archet rageurs, virtuose quoique pas toujours d’une justesse très précise, mais en parfaite harmonie avec une sonorité brillante et lumineuse. Ce n’est pas une mince entreprise que de soutenir l’attention dans une partition aussi rabâchée: en dépit d’un accompagnement trop souvent pesant à force d’être lent et appuyé, notamment dans le premier mouvement, Radulovic y parvient sans peine, car son jeu généreux ne rate jamais une occasion de chanter (développement de l’Allegro ma non troppo, Larghetto) ou de s’amuser (Rondo final). Sans doute principalement animé par le souci de plaire, l’ensemble laisse donc une impression rafraîchissante, mais ne manque pas d’allure et conserve une excellente tenue stylistique.


Allait-il offrir en bis, comme bon nombre de violonistes, une pièce de Bach? Le début de la Troisième Partita retentit en effet, mais c’est pour se mêler immédiatement à des réminiscences lancinantes du Dies irae, car c’est le Prélude («Obsession») de la Deuxième sonate (1923) d’Ysaÿe qu’il a choisi et qu’il sert avec un engagement spectaculaire.


Déjà donnée quelques semaines plus tôt par le Philharmonique de Strasbourg, l’orchestration par Schönberg (1937) du Premier Quatuor avec piano (1861) de Brahms aura bénéficié avec le Philharmonique de Radio France d’une réalisation nettement plus satisfaisante. Au-delà d’une qualité d’exécution supérieure, de textures moins touffues et d’une palette de couleurs plus riche, Chung parvient surtout à rendre justice à la distance introduite par cette adaptation, tant Schönberg s’amuse visiblement à transformer l’original de façon souvent inattendue. Une ironie que le chef souligne en quelque sorte au premier degré, non sans insistance, mais avec un sens du divertissement et une efficacité indéniables, malgré un Intermezzo un peu trop statique et alangui: Allegro initial ample et massif, d’une belle plénitude sonore, Andante con moto pimpant et sans lourdeur, Rondo alla zingarese final à la saveur indubitablement magyare. En bis, la Première danse hongroise permet de conclure dans le même esprit et dans la même tonalité de sol mineur.


Enfin, alors que le Philhar’ est sans doute la seule formation française à disposer de trois premiers violons soli, au demeurant remarquables (Elisabeth Balmas, Hélène Collerette et Svetlin Roussev), et même si la venue d’une personnalité extérieure est susceptible d’apporter une expérience enrichissante à l’orchestre, force est cependant de s’interroger sur la présence, pour la deuxième fois cette saison, d’un «violon solo invité», en la personne de Wouter Vossen, Konzertmeister de l’Orchestre du Brabant.


Le site de Nemanja Radulovic



Simon Corley

 

 

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