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Paris-New York Paris Cité de la musique 12/09/2006 - Betsy Jolas : Just a Minute – Tales of a Summer Sea
Claude Debussy : "Rondes de printemps"
Henri Dutilleux : L'Arbre des songes (Concerto pour violon)
Leonard Bernstein : "Three Dance Episodes from On the Town" Raphaël Oleg (violon) Orchestre du Conservatoire de Paris, Dominique My (direction)
Donné dans le cadre de l’hommage à Betsy Jolas pour ses 80 ans (lire ici, voilà un concert qui a confirmé les qualités de l’Orchestre du Conservatoire, confronté pour l’occasion à des œuvres du vingtième siècle choisies par la compositrice. Les jeunes musiciens ont malheureusement pâti de la direction trop carrée de Dominique My. Certes, il faut d’abord « diriger », au sens propre du terme, un tel ensemble, veiller à la précision des attaques dans des partitions métriquement difficiles, où les points de repère ne s’imposent pas à l’oreille comme dans le grand répertoire classique ou romantique. Il faut avoir notamment cette sûreté du bras droit – le bras gauche semble très souvent absent. Mais si Just a Minute, de Betsy Jolas, ne peut constituer qu’une anecdotique mise en bouche, « Rondes de printemps » de Debussy, beaucoup plus axé sur l’énergie rythmique que sur la dynamique et la couleur, manque de fondu et donne une impression de décousu, laissant peu percevoir cette « absence de bâti » que la compositrice admire tant chez celui qui, de son propre aveu, l’a marquée à jamais. De même, Tales of a Summer Sea, issu d’une musique destinée à une production télévisée de La Tempête de Shakespeare, ne parvient guère à sortir de la gangue où l’enferme une battue trop rigide, ne suggérant pas vraiment les ondulations, les ressacs et les déferlements d’une onde que l’on devrait sentir en perpétuel et insaisissable mouvement, comme chez Debussy - revendiqué, là encore, par la compositrice - ou certains musiciens anglais.
C’est le Concerto pour violon « L’Arbre des songes » de Dutilleux, « un grand frère » pour Betsy Jolas, qui satisfait le plus. Est-ce parce que, devant être redonné le surlendemain à Pleyel à l’occasion du concert des 90 ans du maître, il a fait l’objet d’un soin plus particulier ? La sonorité semble en tout cas plus travaillée, avec des bois plus ronds, un éventail de nuances plus riche, une direction plus souple : le « Large et animé » final manifeste encore quelque raideur, mais le « Lent » baigne dans un lyrisme onirique en accord avec le titre de la partition. On sent enfin une atmosphère, grâce aussi, dès les premières mesures, au violon de Raphaël Oleg, qui, fidèle à l’esprit de l’œuvre, sait s’intégrer à l’orchestre sans confondre difficulté vaincue et virtuosité traditionnelle. Malgré un clarinettiste étonnant, les trois “Dance Episodes from On the Town” de Bernstein, donnés en souvenir des années américaines de Betsy Jolas, sont en revanche secs et lourdement accentués : tout le contraire d’un authentique swing.
On aura grand plaisir à retrouver Dominique My à la tête de son Ensemble Fa.
Didier van Moere
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