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La valeur n’attend pas le nombre des années

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
12/08/2006 -  
Ed Bennett : Ausland (création)
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon n°2, opus 129
Silvia Colasanti : Tra il fuoco e la rugiada (création)
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps (version 1947)

Sergey Khachatryan (violon)
Orchestre National de Belgique, Reinbert de Leeuw (direction)


Lors du Concours Reine Elisabeth de 2005, le violoniste arménien Sergey Khachatryan a ébloui le public et le jury avec un Premier concerto de Chostakovitch qui reste encore dans les mémoires. Bien qu’il fût d’emblée jugé « hors concours », cet énorme talent remporta le premier prix, cinq ans après sa victoire au huitième Concours international de violon Jean Sibelius. C’est avec le plus rare Second concerto de Chostakovitch qu’il revient dans une Salle Henry Le Bœuf particulièrement remplie.


Sergey Khachatryan parvient à tirer de son précieux Stradivarius une sonorité chaude et sombre tout à fait en adéquation avec cette œuvre qu’il aborde avec une assurance et une clarté remarquables. Il souligne sans surligner le caractère dramatique, mais aussi mordant et burlesque de cette partition. A la fois incisive et profonde dans le premier mouvement, introspective et intense dans le second et fulgurante et mordante dans le final, l’interprétation d’une grande justesse d’expression de Khachatryan n’appelle aucune réserve. Sa remarquable sûreté d’archet, sa grande virtuosité et sa pénétrante musicalité s’expriment encore plus dans les cadences et les dernières mesures d’un des finals les plus ambigus et remplis d’amertume de Chostakovitch. Formidable ! L’Orchestre National de Belgique dirigé par Reinbert de Leeuw se montre digne de ce violoniste, et en tous cas plus discipliné que le public qui n’a aucun scrupule à tousser bruyamment aux moments les plus inadéquats et à applaudir après le premier mouvement…


Issu d’une collaboration entre l’Orchestre National de Belgique, le Concours Reine Elisabeth et le Palais des Beaux-Arts, « Tactus, Forum des jeunes compositeurs » permet à ceux-ci de se familiariser avec l’écriture pour orchestre et offre annuellement aux lauréats retenus le privilège de voir leur œuvre primée créée par un orchestre professionnel. Le public venu applaudir Sergey Khachatryan a ainsi pu découvrir deux autres jeunes talents. Ausland d’Ed Bennett (premier prix), créé en ouverture, séduit par son incandescence et son énergie. Cette œuvre monolithique, prenant comme point de départ un crescendo, se caractérise par une écriture fine et exigeante. Tra il fuoco e la rugiada de Silvia Colasanti, créé en seconde partie de soirée, frappe par ses contrastes et sa rythmique turbulente. Les deux lauréats témoignent d’une connaissance certaine des possibilités d’un orchestre. Il reste à espérer que ces deux compositeurs auront encore l’occasion de voir leurs œuvres créées par des chefs aussi rompus à ce répertoire que Reinbert de Leeuw.


Il s’agit sans doute d’un hasard mais la violence et le climat de la partition de Silvia Colasanti trouvent un prolongement naturel dans le Sacre du Printemps de Stravinsky. On préfèrera retenir de cette interprétation du Sacre son impact et sa puissance rythmique plutôt que la finesse et la justesse des pupitres de l’Orchestre National de Belgique, nettement plus convaincant dans les passages forte que dans les pages plus calmes. Les musiciens offrent toutefois ce que le public, toujours sensible à l’effet de l’œuvre près d’un siècle après sa création, attend d’une telle musique : être frappé par sa vigueur, sa tension et sa violence.


Le site de Tactus




Sébastien Foucart

 

 

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