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Sommets

Paris
Salle Pleyel
12/01/2006 -  
Robert Schumann: Sonate pour piano et violon n° 2, opus 121 – Scènes d'enfants, opus 15
Béla Bartók: Sonate pour violon seul, sz. 117 – Sonate pour piano et violon n° 1, sz. 75

Gidon Kremer (violon), Martha Argerich (piano)

Salle pleine, longue file d’attente de mélomanes attendant en vain un retour, présence de personnalités (dont Evgueny Kissin). Entendre ces deux artistes ensemble est vraiment un événement.


La Seconde Sonate de Robert Schumann qui débute ce programme n’a jamais bénéficié de la popularité de certaines des œuvres du compositeur de la même époque. Les deux premiers mouvements manquent de construction et révèlent hélas l’instabilité de l’état dont souffrait Schumann à cette époque. Kremer et Argerich trouvent cependant de superbes couleurs automnales dans le début du troisième avec un dialogue très émouvant entre les pizzicati du violon et la réponse arpégée du piano. La complicité entre les deux artistes est évidente. Les deux instruments s’équilibrent avec naturel et épousent avec tant de naturel un rubato pourtant si subtil, objet on l’imagine de beaucoup de travail.


Ecrite à la demande de Yehudi Menuhin, la Sonate pour violon seul est une œuvre unique dans la littérature violonistique du vingtième siècle. Ce n’est pas un hasard si Bartók nomme son premier mouvement « Tempo di ciaccona », en référence à la Deuxième Partita de Jean-Sébastien Bach. Kremer nous donne une exécution magistrale de cette œuvre. Impressionnant de maitrise dans sa compréhension de la structure de l’œuvre, trouvant de superbes sonorités dans la « Melodia » et se jouant des difficultés techniques en particulier dans les passages sur plusieurs cordes du Presto, il remporte un vrai triomphe d’une salle subjuguée par sa performance.


Depuis quand Martha Argerich n’a-t-elle pas joué en solo à Paris ? L’immense pianiste a préféré depuis si longtemps se consacrer au répertoire chambriste ou concertant pour ne pas avoir à supporter l’effort que représente le récital (son répertoire, tel que résultant de ses enregistrements en public ou en studio, peut d'ailleurs être consulté ici). Même si les Scènes d’enfants de Robert Schumann ne durent qu’une petite quinzaine de minutes, quel privilège de les entendre dans de telles conditions ! Poésie du phrasé, naturel du rubato, maîtrise de la polyphonie schumanienne, il faut revenir au souvenir des concerts d’ Horowitz pour retrouver un piano qui ait autant de personnalité propre.


Dans sa Première Sonate, Bartók livre une œuvre très personnelle, pleine de force, révélatrice d’une époque moins troublée que celles que le compositeur et l’Europe allaient connaître. A l’énergie du premier mouvement répond un Adagio très poétique, typique de ces impressions nocturnes dont Bartók a le secret et conclut avec un ostinato plein de verve et d’énergie. Argerich et Kremer sont bien évidemment à la hauteur d’une telle œuvre. Argerich se lançant dans son clavier avec la joie et la férocité que le compositeur a d ressentir en la composant et Kremer ne forçant jamais le son et trouvant des inflexions si colorées dans le mouvement central.


En bis, les deux complices nous proposent ce qui pourrait être un Tango de Piazzolla puis des inimitables Caprice Viennois et Schön Rosmarin de Fritz Kreisler, d’une élégance et d’une finesse rares, à la hauteur de cette superbe soirée.



Antoine Leboyer

 

 

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