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Réducteur

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/30/2006 -  
Henri Dutilleux : Métaboles
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 25, K. 503
Camille Saint-Saëns : Symphonie n° 3, opus 78

Stephen Kovacevich (piano), Vincent Warnier (orgue)
Orchestre national de France, Ion Marin (direction)


Semaine noire pour les formations parisiennes, qui devaient accueillir deux baguettes prestigieuses: l’Orchestre de Paris a ainsi dû faire face in extremis à la défection d’Esa-Pekka Salonen; quant à l’Orchestre national, averti en début de saison que Seiji Ozawa, également souffrant, ne serait pas en mesure d’assurer les deux concerts très attendus qu’il devait y diriger, il a disposé de davantage de temps pour proposer une solution de repli, sur une seule date et avec une affiche entièrement renouvelée, s’agissant tant des artistes (Ion Marin et Stephen Kovacevich) que des compositeurs, Mozart et Saint-Saëns venant remplacer les Nocturnes de Debussy et Harold en Italie de Berlioz. Mais les spectateurs ont quelque peu boudé ce programme pourtant séduisant, couvrant trois siècles et célébrant deux anniversaires.


Les Métaboles (1964) de Dutilleux sont une musique qui coule dans les veines du National. Cette affinité aura sans doute permis de limiter les dégâts, le chef roumain ne parvenant pas à rendre pleinement justice à la tension et à la subtilité de l’écriture: très extérieure, sa lecture se limite à quelques effets de manche et les tutti sonnent de façon trop compacte. Présent comme de coutume pour l’exécution de son œuvre, Dutilleux reçoit un chaleureux hommage des musiciens.


Une semaine exactement après Barry Douglas (voir ici), Stephen Kovacevich s’attaquait à son tour au Vingt-cinquième concerto (1786) de Mozart, mais son style se rapproche bien plus de celui de Maria João Pires, entendue voici quelques jours dans le Vingt-septième (voir ici), que de celui du pianiste irlandais. L’Américain met en effet sa puissance parfaitement maîtrisée et son magnifique legato au service d’une vision apollinienne et suave que l’on serait même tenter de qualifier d’aseptisée si l’apparente aisance avec laquelle il parvient à un résultat aussi impeccable ne nécessitait pas un don ou un travail hors du commun: jamais un mot au-dessus de l’autre dans ce Mozart dépourvu d’aspérités, et une attention constante à un orchestre visiblement sous le charme. En attendant de le retrouver le 21 mai prochain en récital au Théâtre du Châtelet, le public aura pu goûter en bis à son cher Beethoven, avec la Cinquième des six Bagatelles de l’opus 126 (1824).


Il n’est pas illégitime de souligner le caractère monumental, plus opératique que religieux, malgré la présence de l’orgue, de la Troisième symphonie (1886) de Saint-Saëns. Mais Ion Marin en rajoute beaucoup trop dans l’opulence ou dans le sentimentalisme sirupeux, ralentissant excessivement la fin du premier mouvement pour étirer ensuite à l’extrême le deuxième mouvement, pourtant marqué Poco adagio, comme s’il voulait imiter son compatriote Celibidache. Lesté par les imprécisions d’une battue trop imprécise, l’ensemble donne l’impression de partir dans tous les sens et de n’obéir à aucune autre ligne directrice que le souci de l’effet immédiat, approche tristement réductrice d’une partition on ne peut plus soigneusement construite.



Simon Corley

 

 

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