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Essai non transformé

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/23/2006 -  et 17 (Limerick), 18 (Kilkenny), 28 (London), 29 (Dublin)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour piano n° 12, K. 386a [414], n° 25, K. 503, et n° 27, K. 595

Barry Douglas, Camerata Ireland (piano et direction)


Le Théâtre des Champs-Elysées accueillait l’unique étape continentale de la tournée anglo-irlandaise de Camerata Ireland et de son chef fondateur, dans un programme entièrement dédié à Mozart. L’année même (1999) où Daniel Barenboim concevait avec Edward Saïd son projet de West-Eastern Divan orchestra, Barry Douglas a créé cet ensemble de chambre (vingt-quatre cordes) qui, bénéficiant du double haut patronage de la Présidente de la République d’Irlande et de la Reine d’Angleterre, regroupe des musiciens originaires de l’Eire et de l'Irlande du Nord. L’objectif est louable: surmonter les tragiques divisions nées de l’histoire, ainsi que l’a d’ailleurs toujours fait l’équipe nationale de rugby. Cela étant, les musiciens, tout en faisant preuve du fameux fighting spirit des joueurs irlandais, n’ont malheureusement pas réussi à transformer l’essai.


Non seulement les supporters – indigestion mozartienne, manque de notoriété ou forte densité de la programmation parisienne? – n’avaient pas garni les tribunes, mais le match s’est hélas déroulé selon le même scénario dans chacun des trois concertos à l’affiche. D’abord un coup d’envoi magnifiquement donné par le capitaine Douglas qui, depuis son piano traditionnellement placé le long de la rampe – et non dos au public, couvercle retiré, comme le font bon nombre de pianistes-chefs – soigne les tutti introductifs, généreux et bien phrasés.


Mais les choses se gâtent ensuite, car il a du mal à faire circuler la balle avec ses coéquipiers, et ce malgré un travail en commun qui dure désormais depuis plus de sept années. S’il ne paraît pas nécessairement en phase avec eux – cultivant, notamment dans les mouvements lents, une sonorité ronde, parfois presque brahmsienne, qui tranche avec la verdeur de l’orchestre – force est également de reconnaître qu’il n’est pas non plus servi par leur prestation. Jouant sur instruments modernes, Camerata Ireland surprend en effet par des bois et cors imprécis, aux attaques instables et aux départs décalés, plombés par des hautbois faux et acides. La déception est d’autant plus grande que, sur un autre terrain, la formation irlandaise était loin de démériter dans l’intégrale Beethoven qu’elle a entrepris d’enregistrer pour Satirino (voir ici et ici).


Barry Douglas donne en outre l’impression de se mouvoir comme un éléphant dans un magasin de porcelaine: s’il ne casse certes rien, il paraît mal à l’aise, comme s’il était engoncé dans le souci de ne pas laisser ses pulsions beethovéniennes se faire réprimander par l’impitoyable arbitre mozartien et frustré de ne pouvoir se mettre sous la dent des partitions offrant plus de notes, de gammes, d’accords, d’arpèges, de traits et de puissance, bref, ce grand répertoire romantique, de Brahms à Rachmaninov, dans lequel le vainqueur de l’édition 1986 du Concours Tchaïkovski s’est fait connaître et apprécier. Alors, dès que l’occasion s’en présente, le naturel revient au galop: le mordant et l’entrain dans les mouvements vifs, mais aussi parfois la précipitation et la dureté, reprennent le dessus, particulièrement dans les cadences. Ce propos inabouti, décousu et indécis, même s’il ne manque indéniablement pas d’idées, nuit au Douzième concerto (1782) et sans doute plus encore à l’ultime Vingt-septième concerto (1791), mais convient mieux, après la mi-temps, au Vingt-cinquième concerto (1786), moins intimiste et fragile.


Pas de rencontre digne de ce nom sans une chaleureuse troisième mi-temps: l’Andante du Vingt-et-unième concerto (1785), inventif à souhait, puis, en émouvant salut à la mère patrie, un arrangement de l’hymne Londonderry air, une mélodie qui a fait le tour du monde après que s’y furent greffées les paroles de Danny boy.


Le site de Camerata Ireland



Simon Corley

 

 

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