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Tradition brucknérienne

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/18/2006 -  
Hans Pfitzner : Trois préludes de «Palestrina»
Anton Bruckner : Symphonie n° 7

Münchner Philharmoniker, Christian Thielemann (direction)


Le Théâtre des Champs-Elysées accueille cette saison les trois grandes formations bavaroises conduites par leurs directeurs musicaux respectifs: après l’Orchestre d’Etat bavarois avec Kent Nagano (26 septembre) et avant l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise avec Mariss Jansons (17 juin), l’Orchestre philharmonique de Munich présentait un programme emblématique de son histoire mais aussi de celui qui en est le Generalmusikdirektor depuis la saison 2004-2005, Christian Thielemann.


S’il est déjà venu à plusieurs reprises à Paris – en mai 2001 avec l’Orchestre du Deutsche Oper de Berlin (voir ici) et en septembre 2002 avec la Philharmonie de Vienne – le chef allemand demeure controversé et cette occasion de l’entendre avec son orchestre dans le répertoire d’élection qu’ils partagent était donc excellente, même si, probablement en raison d’une offre pléthorique (trois opéras et un autre concert symphonique le même soir), elle n’a pas fait salle comble.


Thielemann s’est posé de longue date en défenseur de Hans Pfitzner, particulièrement des Préludes aux trois actes successifs de Palestrina (1915), qu’il a déjà enregistrés voici plus de dix ans avec l’Orchestre du Deutsche Oper. D’emblée, on goûte à la cohésion d’ensemble de la phalange munichoise, à sa couleur sombre, à sa pâte dense, mais aussi à ses qualités individuelles (flûtes, clarinettes) ainsi qu’au souci des nuances qui anime le chef. Une musique, qui ainsi servie sans excès de lourdeur et sous l’influence de Wagner plus que de Strauss, l’exact contemporain du compositeur, convainc davantage dans les préludes aux premiers et troisième actes.


S’il est un orchestre allemand qui peut se réclamer de la tradition brucknérienne, c’est bien la Philharmonie de Munich, qui, depuis sa création, a compté, outre Pfitzner, parmi ses «chefs principaux» Löwe, von Hausegger, Kabasta et, plus près de nous, Celibidache. Thielemann entend visiblement s’inscrire dans cette prestigieuse lignée, mais plus que de la tradition, il s’agit ici des éléments les plus voyants d’une certaine tradition, privilégiant la lenteur, les légers ralentis en fin de phrase, l’attention minutieuse portée aux détails. De fait, si l’on en juge par deux publications «pirates» japonaises (avec Munich et Vienne), il opte pour une allure encore plus retenue que de coutume (plus de soixante-quinze minutes) qui contraste avec ses déplacements pour le moins vifs et énergiques sur la scène au moment de saluer les spectateurs et de remercier les musiciens, manquant de fracasser le podium sur lequel il bondit quasiment à pieds joints.


Mais, même s’il ne résiste pas au plaisir des cymbales et du triangle dans l’Adagio et si, plus généralement, il construit un ensemble très solidement charpenté, il ne verse pas pour autant dans cette caricature de lourdeur germanique qui lui est si souvent reprochée, de telle sorte que c’est plus de plénitude sonore que d’épaisseur qu’il est question. En effet, la variété des textures – attaques claires et précises des cuivres, verdeur du timbre des hautbois mais aussi chaleur, profondeur et moelleux des tubas (ténors et basse) – et une volonté de dramatisation assez inattendue, non seulement dans l’indispensable et parfaite maîtrise des progressions mais aussi, de façon très éloignée du mysticisme d’un Celibidache, dans la gestion presque narrative d’importantes variations de tempo et dans la longueur des silences – y compris celui qu’il tente de maintenir en vain, après le dernier accord, face aux applaudissements du public – contribuent à un résultat plus impressionnant et somptueux que poétique. Cette approche, mise entre parenthèses le temps d’un Scherzo plutôt allant, trouve toutefois ses limites dans un statisme parfois excessif, notamment dans un Final plus discutable, certes marqué nicht schnell, mais surarticulé et peinant à prendre son essor.


Christian Thielemann reviendra au Théâtre des Champs-Elysées pour une autre symphonie de Bruckner, la Huitième, le 17 mars prochain.


Le site des Münchner Philharmoniker



Simon Corley

 

 

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