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Un programme courageux Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 11/16/2006 - et le 18 novembre 2006 (Anvers) Wilfried Westerlinck : Metamorfose
Maurice Ravel : Shéhérazade
Ralph Vaughan Williams : Symphonie n°5
Angelika Kirschschlager (mezzo)
DeFilharmonie, Daniele Callegari (direction)
Trop souvent, les œuvres contemporaines, même de qualité, ne sont jouées qu’une fois. Mais quelques privilégiés – tel Wolfgang Rihm, dont Gesungene Zeit a été donné le mois passé au Bozar (voir ici) – échappent à cette malédiction. Wilfried Westerlinck a également eu cette chance lors de ce concert de l’orchestre deFilharmonie placé sous la direction de son chef principal depuis 2002, Daniele Callegari. Même si la partition fut composée voici trente-cinq ans, reprendre sa Metamorfose (1971), créée par cet orchestre en 1972, était une excellente idée. Il s’agit en effet d’une œuvre d’une dizaine de minutes admirablement orchestrée, pleine de couleurs et d’une grande profusion d’effets sonores. Le titre donne une juste idée du procédé adopté par le compositeur : le développement permanent de nouvelles cellules sur la base d’une série de douze sons, mais excluant, pour ainsi dire, tout traitement de nature mathématique. Metamorfose est une composition contemporaine assez instinctive, qui paraissait peut-être moderne il y a trente ans mais qui, aujourd’hui, sonne comme s’il s’agissait d’un « classique ». Manifestement ravi de l’interprétation, Wilfried Westerlinck accourt sur scène pour saluer et remercier chaleureusement le chef ainsi que les musiciens.
Dans Shéhérazade (1903) de Maurice Ravel, la diction française d’Angelika Kirchschlager est sans doute perfectible mais l’investissement de la mezzo autrichienne n’en est pas moins émouvant. Elle trouve un équilibre correct avec l’orchestre, qui éclaire toute la poésie que renferment les trois textes de Tristan Klingsor sans cependant toujours parvenir à restituer la magie et la féerie de l’orchestration ravélienne.
Au même titre que Bohuslav Martinu, Ralph Vaughan Williams fait partie des grands symphonistes du XXème siècle injustement négligés au concert (du moins, sur le continent), les considérations commerciales ayant tendance à interférer de plus en plus dans la programmation… Dans sa prestation de la Cinquième symphonie (1938-1943, révisée en 1951), deFilharmonie a réussi l’essentiel. Les musiciens ont assuré un jeu rustique, tout en prenant bien soin de mettre en lumière le pastoralisme typiquement britannique de cette œuvre, ainsi que son caractère serein et pacifique. L’orchestre est également parvenu à transmettre une indicible émotion dans la Romanza, grâce à un investissement musical qui faisait autant plaisir à voir qu’à entendre. On espère écouter un jour au Bozar, par les mêmes ou par d’autres, davantage de la production symphonique des compositeurs anglais : Ralph Vaughan Williams, bien sûr, mais aussi Tippett, Britten, Walton, et, pourquoi ne pas fantasmer, la Symphonie des Hébrides de Sir Granville Bantock. Pour n’en citer que quelques-uns…
Comme on pouvait s’y attendre, c’est un public excessivement clairsemé qui remercie les musiciens à la fin de ce programme bref mais courageux.
Le site de deFilharmonie
Sébastien Foucart
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