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Grand Est

Paris
Maison de Radio France
11/17/2006 -  
Charles Koechlin : Sonate pour flûte et piano, opus 52 – Quintette n° 1 «Primavera», opus 156
Maurice Ravel : Tzigane
Claude Debussy : Musique de scène pour «Les Chansons de Bilitis» (*)

Juliette Deschamps (récitante), Philippe Pierlot, Patrice Kirchhoff (*) (flûte), Luc Héry (violon), Sabine Toutain (alto), Jean-Luc Bourré (violoncelle), Franz Michel (piano, célesta), Isabelle Perrin, Ghislaine Petit (*) (harpe)


Le week-end «Portes ouvertes» de Radio France intitulé «Orients» propose, en sept concerts, divers aperçus de l’Est, un concept décliné cette fois-ci de façon plus relatée qu’à l’accoutumée: hormis une évocation essentiellement française de l’orientalisme (Le Sueur, Schmitt, Delage, Roussel, …), la présence de Schütz, de la musique traditionnelle malgache ou de l’île Maurice, au travers de Paul et Virginie, paraît en effet quelque peu tirée par les cheveux.


Donné en fin d’après-midi à guichets fermés au studio Sacha Guitry, le premier programme, confié aux solistes de l’Orchestre national et éclairé par une notice exemplaire de Michel Fleury, constituait une excellente introduction au concert du soir, intégralement dédié au Livre de la jungle de Koechlin (voir ici). Il permettait en effet de découvrir le compositeur dans deux œuvres attachantes, certes moins originales que son vaste cycle inspiré par Kipling, mais révélant en même temps une capacité à adopter des styles très différents.


Evoquant, si l’on en croit Koechlin, la Méditerranée et non l’Orient, la pastorale Sonate pour piano et flûte (1913) tient davantage, par sa brièveté (dix minutes) et sa modestie, de la sonatine, mais les flûtistes – qui peuvent aussi se frotter, en solo, aux quatre-vingt-seize (!) Chants de Nectaire – gagneraient à renouveler leur répertoire en la substituant de temps en temps à l’inévitable Sonate de Poulenc. L’auteur des Heures persanes n’est pas plus «oriental» dans son Premier quintette pour flûte, harpe et trio à cordes «Primavera» (1934), qui ressortit plus à la tradition du divertissement français, léger mais pas superficiel, d’une finesse d’écriture et d’une fraîcheur toujours renouvelées.


Cap, enfin!, vers l’Est, avec Tzigane (1924) de Ravel, que Luc Héry, parfois un peu malheureux dans sa réalisation technique, aborde avec plus de noblesse que de rugosité, sans effets faciles ni histrionisme, malgré l’accompagnement plus extérieur de Franz Michel. Tirée de l’oubli bien après la mort de Debussy, la rare Musique de scène pour «Les Chansons de Bilitis» (1901) – à ne pas confondre avec les trois Chansons de Bilitis (1898), dont le texte n’en fut pas moins distribué par erreur au public – a en partie été réutilisée dans les Epigraphes antiques. Vingt-deux minutes durant, la lecture de douze des pastiches que Pierre Louÿs avait attribués à une prétendue poétesse grecque de Turquie alterne avec de très brefs commentaires confiés à un ensemble instrumental formé de deux flûtes, de deux harpes et d’un célesta. Avec une préciosité rappelant Fanny Ardant, Juliette Deschamps met dans sa récitation une sorte de fausse innocence tout à fait en situation, mise en valeur par une musique nonchalante et gracieuse.



Simon Corley

 

 

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